mercredi 9 décembre 2009

Enfin... (Pour beaucoup de choses).


Depuis hier, il neige et ça fait un mois que j’attendais ça.

Aujourd’hui mercredi, je suis comme apaisé quand je descends dans la rue.
Je n’ai jamais apprécié vraiment la chaleur de l’été, ce qu’elle a d’accusateur, de lourd et d’engourdissant.

Dans le froid, plus de bruit… On dirait une autre planète.

Depuis une ou deux semaines lorsqu’on sort le soir, on a l’impression de plonger dans une piscine glaciale, de respirer des petits diamants.

On a en fait l’impression d’être tout petit contre les éléments, mais quand on est fou on aime ça.
La respiration s’arrête pendant quelques centièmes de seconde, on se sent vivant. Une brûlure froide vient s'immiscer dans les poumons encrassés par la cigarette et on se sent purifié.

Peut-on devenir pur ou est-il toujours trop tard ?

J’écoute mes pas, mes semelles semblent s’enfoncer dans du caoutchouc, je remarque que les gens se déplacent moins vite , on dirait qu’ils veulent profiter, se fondre dans le blanc.

Je pense que je pourrais m’allonger là, maintenant, et même mourir calmement, comme le bébé dans un des épisode de Cold Case. Juste une musique de fond, une chanson de New Order.

Ici le climat n’est pas dur, il est juste délicat, il me semble qu’il veut seulement que l’homme lui rende un peu de la poésie que chaque année il lui donne.
Rien n’est douleur, car tout est doux et feutré.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la rue est pleine de vie. Certains déblaient la glace des vitres de leur voiture, une maman enlève la neige devant chez elle avec son enfant dans une poussette. Des voisins préfèrent stationner leur voiture en biais pour pouvoir la sortir plus facilement demain. Un camionneur me parle en sacrant, car je n’ai pas ramassé en totalité la crotte de mon chien.
Comme à mon habitude, je ne me laisse pas faire, je crie plus fort et j’ai envie de me battre.

Les flocons me calment seulement lorsque je suis seul

dimanche 1 novembre 2009

Antony...



The Lake, d'après un poème d'Edgar Allan Poe. Quelques années déjà, et je ne m'en lasse toujours pas. Antony, l'ancien choriste androgyne de Lou Reed et cette vidéo qui la première fois m'a beaucoup ému. Je pense aussi au livre de Jeffrey Eugenides (l'auteur de Virgin suicides) : Middlesex...

Une traduction de ce poème par Stéphane Mallarmé :


Au printemps de mon âge ce fut mon destin de hanter de tout le vaste monde un lieu, que je ne pouvais moins aimer, — si aimable était l’isolement d’un vaste lac, par un roc noir borné, et les hauts pins qui le dominaient alentour.

Mais quand la Nuit avait jeté sa draperie sur le lieu comme sur tous, et que le vent mystique allait murmurant sa musique, — alors — oh ! alors je m’éveillais toujours à la terreur du lac isolé.

Cette terreur n’était effroi, mais tremblant délice, un sentiment que, non ! mine de joyaux ne pourrait m’enseigner ou me porter à définir — ni l’Amour, quoique l’Amour fût le tien !

La mort était sous ce flot empoisonné, et dans son gouffre une tombe bien faite pour celui qui pouvait puiser là un soulas à son imagination isolée — dont l’âme solitaire pouvait faire un Éden de ce lac obscur.

mardi 20 octobre 2009

C'est pas facile à traduire les chansons !


ooohh oh ooooh, oh oh oh ohhhooohh oh ooooh, oh oh oh ohhh

C’est un monde cruel, cruel, auquel il faut faire face par toi même

Une croix, lourde à porter toute seule

Les lumières sont allumées, mais personne n’est là,

Et c’est cruel


C’est une drôle de façon de s'en sortir,

Quand au dehors dans les rues toutes les lumières sont allumées

Ça peut aller, mais c'est jamais vraiment parfait

Sans toi


Je te fais confiance, si ça a été fait par le passé... défait-le !

C’est mieux à deux, à notre tour de le prouver.


Toutes les nuits pluvieuses, même les jours les plus froids

On te dit à la traine, mais tu es en fait ailleurs, plus loin

C’est la nature des choses, c’est sûr, mais c’est un monde cruel


ooooh oooh oohh, ooh ooh oooh ooh, ooo wooah

On peut la jouer tranquille, ou la jouer cool

Suivre ceux qui décident, ou décider de faire soi-même toutes les règles

Quoique tu veuilles, la décision t’appartiens

Alors choisit !


Je te fais confiance, si ça a été fait dans le passé... défait-le !

C’est mieux à deux, à notre tour de le prouver.


ei ei ei ei ei, oh oh oh oh oh, ye oh oh,ei ei ei ei ei, oh oh oh oh oh, ye eh, ye eh, ye eh.

Je te fais confiance, si ça a été fait dans le passé... défait le !

C’est mieux à deux, à notre tour de le prouver.


ei ei ei, woah wo, yeah ehei ei ei ei ei, oh oh oh oh oh, ye eh, ye eh, ye eh.

Je te fais confiance, si ça a été fait dans le passé... défait-le !

C’est mieux à deux, à notre tour de le prouver.


ei ei ei ei ei, oh oh oh oh oh, ye oh oh,ei ei ei, oh oh oh oh oh, ye eh, ye eh, ye eh.

Je te fais confiance

dimanche 11 octobre 2009

And if I only could I'd make a deal with God




Elle se réveille une première fois, le gros camion des poubelles vient de passer sur la rue des érables. Le préposé, en jetant un bac de recyclage en plastique vert qu'il venait de ramasser a heurté la vitre. Le bruit est sourd, presque inaudible, il résonne davantage dans le couloir de l'immeuble qu'au dehors, mais il la tire du sommeil.

Elle enfonce son visage contre l'oreiller, presque à s'étouffer. Sa main tombe, pend jusqu'au sol et s'alourdit de sang. Il est 8h30, peut être 10h00, est-ce mardi ou vendredi ?

Quand on a trente ans, on vient seulement de réaliser ce qu'était la jeunesse et ce qu'elle avait de volage, de futile et léger mais il est trop tard. À cet âge, même le matin, le poids de illusions perdues s'immisce toujours entre les draps.

Alors, la langue, mauvaise conseillère, en premier rapporte les souvenirs de la veille, du sucre et de l'alcool. Elle tire la couverture et quelque chose tombe, C'est " Vers le phare " de Virginia Woolf. Elle ne l'a pas lu mais chez Renaud Bray, en passant comme a son habitude son doigt mouillé sur les livres des rayons et en regardant les clients affairés, elle s'est attardée sur un petit paragraphe en italique sur le quatrième de couverture qui présentait l'auteur comme une femme que personne jamais ne comprit. Dans L'instant, elle l'aima. Tous les soirs elle l'ouvrait, mais épuisée par la journée, n'arrivait jamais au bout du premier chapitre.

Yann, parti la veille pour la Colombie-Britannique, dans l’aéroport ne s’était pas retourné. Elle pensait que les rêves d’enfance étaient des prophéties, que le miel de la peau pour toujours était de l’or. Mais, la nuit semblait lui avoir confier que les garçons sur la route ne restaient jamais au creux du lit comme pouvaient le faire parfois les romans oubliés.



lundi 5 octobre 2009

Des cousines, des cousins et des glissades sur un escalier


En Lorraine
Il y a des patins en feutre pour ne pas marcher sur ton parquet fraîchement ciré.
Une porte en accordéon qui sépare la cuisine du salon, lorsque papy écoute des vieux films de guerre à la télé.
De temps en temps ton chat se frotte contre les pieds en métal de la table en formica.
Une odeur de tabac brun se mêle à celle des pommes chaudes d’une tarte tatin qui sort du four et que tu as préparé.
Ta salle à manger est toujours bien rangée et au milieu de la table trône une corbeille de fruits en plastique.
Il y a, sur un lit de la chambre, un chien empaillé qui nous fait un peu peur, mais qui est tout doux, et que nous aimons malgré tout caresser.
Dans la salle de bain, un peigne vert en forme de crocodile et toujours ton parfum.
Toutes les rues sont droites et les maisons bien alignées, on y trouve toujours une voisine à qui parler de la pluie, du beau temps ou de toute autre chose.
On peut aussi y voir de temps en temps défiler la fanfare.
Souvent tu chantes ou tu fredonnes des airs d’avant, que nous ne comprenons pas, mais qu’à force nous connaissons par cœur.
Sur la route qui monte jusqu’à Saint-Nicolas, le vent fait aussi chanter les sapins qui bordent la chaussée.

Nous sommes en Normandie.
Parfois, même s’il pleut, tu trouves qu’il fait beau, alors nous allons nous promener le long du chemin qui borde la maison, et tu chantes encore.
De l’autre côté, il y a le clocher de l’église et le village.
Lorsqu’il pleut trop fort nous faisons une partie de cartes.
Le matin nous descendons au bourg de La Graverie, chercher du lait à l’épicerie, juste à côté de l’endroit où habitait notre arrière grand-mère.
Le chien empaillé est toujours là, dans une chambre aux plafonds en pente, et aussi le peigne vert en forme de crocodile sur une étagère de la salle de bain.
Le petit transistor de la cuisine diffuse des chansons ou bien le tour de France.
La voisine apporte souvent des haricots verts et nous n’en pouvons plus de les écosser et de les manger.
Derrière la maison, à côté du potager nous trouvons des cassis et des fraises, nous savons qu’il ne faut pas les manger tous, car il faudra en faire des confitures.
Plus loin vers la gauche il y a des cages pour des lapins auxquels tu donnes des prénoms, nous leur apportons des épluchures et des restes de nourriture.

Ce sont seulement quelques souvenirs d’enfance, rien de précis, rien d’important, juste des petites choses qui font ce que nous sommes, nous tes petits-enfants.
Ailleurs maintenant tu vas retrouver certains de ceux qui ont été ta vie, et nous, ici-bas, nous nous souviendrons toujours que sur tes robes comme dans ton jardin, il y avait des fleurs qu’on appelle des pensées.

vendredi 14 août 2009

Pas d'endroit

Aujourd'hui, je me suis jeté contre un mur.
J'ai essayé de me perdre dans l'ombre de la forêt et j'ai vu des chiens courir dans la boue.
Agnès, comme à son habitude a ri en silence.
Ma grand-mère m'a appelé par le surnom qu'on me donnait lorsque j'étais enfant.
Je n'avais pas entendu ce surnom depuis vingt-cinq ans.
Si les arbres de la forêt laurentienne pouvaient donner à nos corps la force qu'ils donnent à notre âme.
Si le vent, par dessus ces arbres, plus loin que la Gaspésie et par dessus l'Atlantique pouvait transporter l'amour.
Si le temps pouvait se figer, sur la suite pour violoncelle seul de Bach...

Mais déjà, il est six heures du matin et il fait jour.

jeudi 30 juillet 2009

Pour juillet

Perdre un peu patience et essayer de se raisonner. Porter des chose trop lourdes et n'être plus un super-héro. Vouloir sortir, puis ne vouloir plus. Avoir l'impression d'être en vacances tout en travaillant avec acharnement. Se souvenir et puis oublier. En rêve, commettre un crime.

Danser. Danser dans le vide comme les adolescentes devant un miroir. Aimer tout sans discernement et n'aimer rien ni personne. Se calfeutrer à l'abri de la chaleur moite ou chercher au hasard des rues les gifles du vent. Ne manger que du fast-food et n'écouter qu'une seule chanson. Avoir envie d'un enfant.

Ne pas finir un livre et le faire tomber dans le bain. Laver des tasses à café mais jamais d'assiette. Se servir d'un grille-pain pour allumer des cigarettes. N'avoir peur de rien sauf des moustiques. Être Normand.

Se lever tard et se coucher tôt mais changer chaque jour. Combler les vides, mêmes ceux des mûrs. Rester ou partir. Revenir, peut-être. Faire l'amour à sa manière. Pleurer ou rire.

Recevoir un baiser sur le front. Imaginer des lacs et des forêts. Parler à un serpent, à des chiens et à des humains. Voyager au Cambodge et en Allemagne, mais juste au coin de la rue. Arracher des clous. Se moquer du sommeil.

Planter du chèvrefeuille, des gloires du matin et des fougères.

mardi 7 juillet 2009

Des portes-françaises

Une des voisines est au Mexique, l'autre parle fort et surveille la nuit Montréalaise.
Notre chien vide les poubelles partout dans la maison quand nous sortons.
Je bois dans la bouteille d'Heineken de Sarah.
Je mange la bolognaise de Melissah. Elle décore son nouvel appartement dans des tons chauds, bruns et pastel.
Mon mari et moi portons du matériel et nous disputons, mais tout cela ne dure jamais longtemps.
Au dépanneur du coin, ce sont des asiatiques, tout autour il y a des usines alimentaires et ça sent la pâte à pain industrielle. Lorsque je promène le chien dans les rues adjacentes, j’arrête de respirer.
Steph nous rejoint quelquefois au parc Lafontaine puis elle vient apprendre à jouer au poker.
Laurent Ruquier écoute « Cœur de pirate ». Nous, au parc Maisonneuve, pour la fête nationale, nous écoutons Carquois.
Un discours d’une chanteuse sur la préservation de la culture et de la langue québécoises fait vibrer la foule.
Chez moi, on peut tout juste passer.
Alasatair me manque et j'écoute le « Boulevard des Capucines » du dernier Daho.
La nuit je ne dors pas et pourtant je me lève tôt.
J'ai pu communiquer avec des personnes que j'aime toujours malgré le temps, la distance, et ma fâcheuse habitude de ne pas donner de nouvelles.
Au petit matin, le sex-club de la rue Frontenac ressemble à tous les autres commerces.
Du troisième étage on peut voir les feux d'artifice lancés depuis la Ronde, aux pieds du pont.
Je fais la chasse aux pigeons.
La maman de la voisine pensait que je m'appelais Karl.
Un avion s’est envolé vers la Chine.
J'ai parlé à une dame qui a inventé le cercueil double.
Mia vient me dire le score de la finale de Wimbledon.
Elle a un vélo.
Agnès arrivera dans un mois.
Je pense qu’au Mont Saint-Michel ma mère ira lancer quelque chose à la mer.

samedi 20 juin 2009

Arrondissement : Ville-Marie


Peut-être qu'avant, dans le quartier anglophone et bourgeois d'Outremont, où tout était propre et bien lisse, où tous les propriétaires au printemps plantaient le même dimanche les mêmes fleurs achetées au même endroit, où le seul spectacle un peu hors du commun et de l'ennui était la veille de shabbat des juifs hassidim le vendredi soir, je n'étais pas réellement arrivé au Québec. Ou peut-être qu'en changeant de quartier, j'ai fait un voyage dans le temps, vers le Montréal des années 50 ou 60, celui des romans de Michel Tremblay, celui d'avant les jeux et d'avant la révolution tranquille.
Ville-Marie est l'arrondissement du " Downtown " de ma nouvelle ville. Le quartier des affaires et des grosses limousines, des touristes français qui se promènent dans le Vieux Montréal, le long du vieux port, quartier aussi des festivals, des grosses compagnies à gratte-ciels : Qébecor, Hydroquébec, Axa et Bell Canada. Mais ma rue se trouve un plus loin vers l'Est de l'île, au pied du pont Jacques Cartier qui enjambe le Saint Laurent vers la rive Sud et qui ressemble étrangement au pont de Brooklyn avec en guise de cerises sur le gâteau, de petites tour Eiffel posées en haut de ses énormes pylônes d'acier.
Mon nouveau quartier est connu de tous les montréalais du nom de Centre-Sud. Il n'a pas très bonne réputation, car c'est là que se sont toujours trouvés les désaxés, les prostitués et les marginaux. C'est là aussi que de grosses usines lâchent leur fumée épaisse et que les ouvriers, depuis le XIXe, ont toujours habités.
Dans ma ruelle, derrière notre immeuble, des chats se battent pour une femelle, deux enfants aux genoux sales joue au Hockey sur le goudron cabossé, une dame étend son linge en tirant sur la poulie qui fait tourner la corde accrochée sur les immeubles d'en face. On voit, un peu plus loin sur la droite, un jeune homme qui répare sa voiture, son autoradio distribue les notes de la guitare électrique de Van Halen à tout le quartier. Les odeurs de nourriture se mêlent. J'aime ce quartier où les gens se parlent et où la voisine nous a souhaité la bienvenue.

mercredi 27 mai 2009

Le noir du printemps

Lorsqu’on descendait vers le village sur nos vélos, juste à côté de chez nous, il y avait souvent sur sa terrasse un grand monsieur, qui se tenait toujours très droit.
De son attitude se dégageait beaucoup de sérieux et d’autorité, il nous faisait grande impression dans nos esprits d’adolescents. Cependant, son regard exprimait toujours à notre égard beaucoup d’affection et de sympathie. Finalement ce monsieur ressemblait beaucoup à papa, il avait certainement reçu la même éducation que lui, une éducation un peu perdue aujourd’hui, et qui apprenait la rigueur entremêlée à la compassion et à l’amour.
Ce monsieur semblait avoir une expérience très riche. Lorsqu’il venait chez nous, de temps en temps pour l’apéritif où certains soirs d’été, quand à 9 heures du soir la chaleur pèse encore, il avait toujours une anecdote à raconter sur sa vie passée et des conseils à nous donner, que, tout jeunes et persuadés d’avoir toujours raison, nous n’écoutions que d’une oreille.
Aujourd’hui ce monsieur s’en va. Nous, nous avons grandi, et nous savons maintenant que cet homme aura été d’une grande importance dans la vie de notre famille et voulons lui dire tout notre amour…
Nous garderons aussi de lui, un olivier qui va grandir au fond d’un jardin, et qui pour les années à venir rafraichira de son ombre nos chaudes journées d’été.

samedi 23 mai 2009

Gouttes d'eau sur pierres brûlantes


Le samedi, en début d'après-midi. Nous sommes des cohortes. De Montréal, de Paris ou du Cap d'Agde, on attend que le photographe déclenche sa focale, on partage le même faux sourire figé.

On souffre pour des riens, puis quelques minutes plus tard, on devient euphorique pour des choses sans importance. Une fête foraine. Le samedi, en début d'après-midi, on veut seulement se faire croire qu'on est triste car on pense que c'est plus respectable.

Le samedi, en début d'après-midi, on a tous encore en tête les promesses du vendredi soir.

On espère, que pour une fois, le dimanche sera comme on l'a rêvé. Du miel.

Alors, le samedi, en début d'après-midi, lorsque la lumière du dehors est claire, presque transparente, on marche au hasard des rues.

On va un coup à droite puis à gauche, juste pour se convaincre de ne pas tourner en rond. On joue son personnage dans la ville. On prend soin de ne pas regarder la caméra, de bien respecter son contrat de figurant. Seulement de temps en temps, le plus discrètement possible, on lève les yeux vers les vitrines des magasins. Toujours, on s'aperçoit qu'on n'arrive pas à incarner ce que le metteur en scène et le scénariste voulaient.

Lentement, les projecteurs s'éteignent et nos paupières sont comme brûlées, on ne réussit jamais à savoir pourquoi.


Le lendemain dimanche, en fin de matinée, on se raconte à soi-même des samedis imaginaires en début d'après-midi. Des héros.

Le dimanche, en fin de matinée, c'est l'heure pile où le mécanisme de la semaine s'arrête pour mieux repartir. Ce moment précis où tout se fige quelques minutes. Où les lois du temps n'existent plus, n'existent pas.

Le dimanche, en fin de matinée, heure à laquelle les vieux s'asseyent sur des bancs pour se figer dans le présent, qu'ils passent lentement leur langue sur leurs lèvres usées.

Heure à laquelle les chiens sont rassasiés, se couchent dans l'herbe et n'aboient pas.

Le dimanche, en fin de matinée, quand les enfants courent plus vite, vers nulle part, comme pour faire venir leur vie et par soif du lendemain.

Quand nous, abusés, trahis, cajolés, usés, endurcis, apaisés ou rassurés par la semaine, nous sommes enfin vivants.

dimanche 10 mai 2009

Un coeur en or

Quand il était plus petit, il s’endormait souvent en écoutant « Heart of gold » de Neil Young. Quelquefois, c’était Amalia Jackson ou Harry Belafonte. Il prenait dans la chambre de son frère ce qu’à l’époque on appelait un baladeur. Les écouteurs de cet appareil étaient couverts de protections en mousse épaisse, qu’il collait à ses oreilles et grâce auxquelles il s’isolait. Si on avait ça, dans nos têtes de jeunes adolescents, on était quelqu’un. La plupart du temps, les cassettes se déroulaient. Il essayait tant bien que mal de les rembobiner patiemment en entrant un stylo dans l’un des deux trous et en faisant bien attention de ne pas laisser plier la bobine. Il ne fallait pas faire de bruit dans la chambre mais il savait que si il en faisait, sa mère serait rassurée de savoir qu'il était là et n’était pas sorti par la porte du garage. Il avait pourtant en permanence envie d’être dehors, même l’hiver. Parfois il pleurait, et il essayait de s'en empêcher. Il voulait fuir quelque chose, avait beau se creuser la tête, il ne trouvait pas quoi. Seulement cette chienne d’envie de n’être pas là.

Alors quand l’occasion se présentait, il trainait dans les grandes rues de Montréal, des rues longues et monotones telles qu'on ne les imagine pas en Europe. Il rejoignait M., G. ou S. parfois les trois. Ensemble, ils faisaient des coups comme on peut en faire à cet âge. Ils montaient sur les toits de l’Université de Montréal, ils prenaient des fleurs au cimetière pour les revendre, attendaient au pied des cours de tennis de Westmount et refourguaient les balles à ceux-là mêmes qui les avaient laissées passer de l’autre côté du grillage. Ils couraient souvent à en perdre haleine, buvaient des « Oranges Julep » qui coulaient le long de leurs joues et leur donnaient une haleine d’agrumes mêlés à du lait, ils avalaient de la Mescaline dans les ruelles du Plateau. La sécurité du Québec passait près d’eux quelquefois, émaciant encore davantage de ses gyrophares la blancheur de leur peau. Mais elle ne se souciait guère d'eux, ils étaient trop petits. On aurait dit des enfants du tiers-monde. Ils étaient seulement les enfants des années 70.

Parfois il se demandait s’il était une fille ou bien un garçon. Il se disait que lorsqu’on est un garçon, on n’a pas peur. Alors, il n’avait pas peur. En général, le vendredi, tous les trois se retrouvaient chez la mère de M., c’était dans Côte-Des-Neiges. Là, on donnait des joints à fumer aux enfants, il y avait toujours une assiette vide sur la table, tout était partagé, souvent quelqu’un arrivait à l’improviste pour prendre cette place libre. C’était un endroit où, quand on était petit, on était grand, et où il se sentait immense, prêt à affronter la nuit. Le froid donnait une profondeur à la nuit de Montréal, la neige en tombant, couvrait tout, elle lui donnait l’assurance qu’il n’avait pas, elle était comme la mousse de son baladeur. Le bruit des voitures en était étouffé, plus rien n'existait, lui, M., G. et S. étaient immortels. Les beaux jours ne reviendraient jamais. Qu’importe.

vendredi 8 mai 2009

La Reine des sauces




Ce drôle d'aliment à la couleur peu ragoûtante (vert fluo) est utilisé ici pour mettre dans les " rôteux " (les hot-dogs).

Je ne sais pas d'où il est originaire, le nom sonne vaguement ashkénaze. c'e sont en fait des petits morceaux de concombres dans leur jus, légèrement sucrés.

Moi j'en mets partout tellement j'aime ça, et on se moque de moi. Je pourrais, je crois, en mettre sur des tartines.

Hier à midi j'ai mangé des nouilles à la relish et ce midi, des steaks hachés à la relish. ce soir je mangerai bien des pommes de terre à la relish !

Agnès a acheté son billet pour venir nous voir cet été et visiter Montréal. je lui en ferai goûter.




Le billet photographié, c'est un 20 dollars. Au salaire minimum, pour une heure de travail, on gagnera au Québec ce billet déchiré en deux.

Mais, avec cette somme déchirée (et si le tabagiste est compréhensif), on peut se procurer au dépanneur du coin, deux paquets de cigarettes ou une dizaine de pots de relish.

En France pour la même durée de labeur, les poumons de l'ouvrier moyen n'auront droit qu'à un seul paquet.

Vous noterez, comme moi, que les conventions collectives et le gouvernement de mon cher pays de France est très prévenant. Au contraire du gouvernement du Québec, il se soucie de la santé des petites gens. (Vous noterez aussi au passage la finesse de mon analyse micro-économique).
Comme vous pourrez aussi le constater, c'est à une britannique bien connue et qui apparemment n'aimait pas sa belle-fille, à qui nous devons prêter allégeance. Alors je m'incline bien bas, moi qui ai toujours rêvé de monarchie, en tant que (futur) sujet de Sa Majesté la Reine Elizabeth II du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, Reine du Canada, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de la Jamaïque, de la Barbade, des Bahamas, de la Grenade, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Iles Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, Saint Vincent et des Grenadines, d'Antigua et Barbuda,de Belize et Saint-Kitts-et Nevis, Chef du Commonwealth, gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, duc de Normandie, Duc de Lancaster, Seigneur de Mann et Chef suprême de Fidji.Ah quand je pense au pauvre citoyen Capet et à son autrichienne !

jeudi 7 mai 2009

Rions un peu...


« Avec Nicolas Sarkozy… c’est l’histoire de la pensée universelle française qui redémarre. »
Luc Chatel, ministre de l'industrie (6 mai 2009)


(Et Nadine Morano c'est Raymond Aron ?)

dimanche 26 avril 2009

Est-ce que nos coeurs ont rétréci ?

On ne sait comment se faire pardonner,
ni même si on a droit à quelque excuse que ce soit,
pour le saccage ehonté de la matière vivante sur cette planète.
On ne sait plus ou s'mettre, nous autre de la France.
Une fois de plus, on fait ce qui nous arrange.
il fallait qu'on vous l'dise, c'est dit c'est fait,
si nous passions maintenant à tout autre chose ?
Soyons plus positif : rien ne sert d'être trop triste !
au contraire... bien au contraire.

catherine Ringer / Fred Chichin

Ci-gît... Du scotch


Ci-gît... un acteur américain


Ci-gît... un auteur mort pendant la grande guerre.


Ci-gît... une créatrice de parfum


Ci-gît... Un chanteur anglais mort dans un accident de taxi


Ci-gît... le descendant des Tsars de Russie


Ci-gît... Un compositeur allemand du XIXème


Au cimetière Notre-Dame des neiges, il y a des noms connus.
Je me dis que la famille de certains était peut-être là depuis quelques siècles.
D'autres venaient sûrement d'arriver, avec des projets pleins la tête.
Je me suis imaginé qui étaient ces gens.
Quels étaient leurs rêves ?
Que fuyaient-ils, ou qui les pourchassait ?
Peut-être bien qu'ils se fuyaient eux-mêmes.
Ont-ils au moins réussi ?
Est-on toujours rattrapé par soi-même ?

Le cimetière se trouve dans les vallons du Mont-Royal, qui dominent Montréal.
Là, tout est vert et il n’y a presque personne.
C’est très grand, on ne distingue la ville que par un fond sonore.
Nous sommes dimanche matin, elle se réveille, ou elle se couche.
Au-delà du faîte des collines, on aperçoit les gratte-ciels.
Une dame ramasse des feuilles mortes et des bouts de papier qu’elle met dans une sorte de bourse en cuir à lanière. On dirait qu'elle fait une prière.
Quelques cyclistes profitent du dénivelé.
Au loin, on aperçoit le Saint-Laurent.
Il semble qu'il pourrait tout emporter, même les rêves de tous ces gens, qui de tous les pays, de toutes les races et de toutes les confessions, ont voulu fondre leur corps à ce petit bout d'Amérique.

samedi 18 avril 2009

Au tapis

Hier soir j'ai vu un film allemand " la vie des autres ", puis un film de Chéreau d'après Conrad : " Gabrielle " avec Huppert. J'ai fini " Mort à crédit " . J'ai commencé le premier volume de " Guerre et paix " et sur les conseils d'une parisienne aux belles jambes j'ai acheté chez Renaud Bray les " Chroniques de l'oiseau à ressort ".

Je suis toujours noyé par la nostalgie. Elle me broie, mais je m’y complais. J’ai fumé presqu’un paquet de cigarette cette nuit, après une journée durant laquelle je me suis battu avec un logiciel de traduction. J’ai ouvert aussi une bouteille du vin que nous avions rapportée de France pendant le repas avec Alex qui vient de rentrer de Chine et que nous sommes allés cherché lundi à l'aéroport de Montréal.

Le vin aidant, n’ayant rien bu depuis un mois, la tête tourne et la nostalgie arrive. On pense à des choses banales et elle prennent le dessus. Je joue au poker en ligne, j’ai gagné cent dollars. J’ai eu la mauvaise idée d’écouter le disque d’un concert de Daho en jouant. Je pense à ce concert, au Zénith de Montpellier en 1993.

Nous arrivons en avance, elle me dit que c’est pour qu'on se place devant la scène. Je fais semblant de rien. Je joue le blasé. C’est pourtant la première fois que je me rends à un grand concert comme celui-là. Quelqu’un chante et je suis persuadé qu’il m’est intime, que c’est moi qu’il regarde. Les éclairages sont puissants et la musique joue fort. Il y a Édith Fambuena, elle joue de la basse, ou peut-être de la guitare. Personne ne se rappelle de cette chanteuse, moi oui : « Je sais que les anges ont raison ». Je suis avec Nathalie, une fille avec beaucoup de classe et d’une grande beauté. Une beauté brutale et douce à la fois, de l’intelligence mêlée à de l’insouciance.
Après le concert je vais rôder aux arceaux. Je regarde les garçons. Il y en a un qui crache sur un autre. Ca a l’air de l’exciter. Sous une arche en contrebas un noir avec un chapeau blanc joue du saxo. Il s’est placé sur un éclairage municipal fiché dans le sol. Moi je descends les grands escaliers puis je rentre à pied dans ma cité universitaire. Dans Montpellier tout est calme. Je voudrais que quelqu’un surgisse au coin de la rue. Ca n’arrive jamais.

La nostalgie est comme une barque sur un lac en été. Si on atteint une crique et qu’on touche la rive d’une époque passée, viennent autour de nous en mouvement circulaire, d'infimes vagues, imperceptibles, mais qui nous emmènent par petits à-coups vers un endroit tout proche, pareil en tout point à celui d'où on vient mais où la perspective est déjà différente. Je pense que ce sont ces vagues là que Virginia Woolf a décidé un jour de rejoindre, calmement, sans violence. Les mêmes vagues qu’elle a donné pour titre à un de ses romans.

Alors je pense maintenant à une autre grande dame, plus dans l’écrit mais dans le verbe : Supernana. On ne s’en souvient pas davantage. Elle a occupé de sa voix cassée par le tabac et l’alcool, beaucoup de mes nuits blanches. J’ai appris qu’elle était morte d’un arrêt cardiaque l’année dernière alors qu’elle devait faire son retour à la radio sur Europe 1, le dimanche avec Laurent Baffie. Mes nuits de l’époque, entre deux jours au lycée, étaient drôle, subversives et sucrées. J’y ai découvert Brigitte Fontaine, Carbone 14, Guillaume Dustan et la complainte du phoque en Alaska. J’y ai entendu aussi des anarchistes côtoyer des aristocrates.

Au lycée Il y avait Alastair, Géraldine et Marie-Laetitia. Ma peau était pleine de boutons. J’aurai voulu m’écorcher. Je n’avais pas l’assurance des ados d’aujourd’hui. Je regardais des garçons lorsqu’ils ne me regardaient pas. D’ailleurs ils ne me regardaient jamais. J’avais un professeur d’anglais qui nous vouvoyait mais qui voulait qu’on l’appelle Françoise. Sur ses oreilles elle accrochait des girafes. Elle a son
entrée sur le catalogue de la BNF, parce qu’elle écrivait des livres avec sa machine à écrire portative dans les décharges municipales. Il y avait aussi le théâtre : Brecht, Durringer et Julien Bouffier.
Un canadien dans notre classe : Jonah qui venait d’Halifax en Nouvelle-Écosse.

Puis, porté par les vagues, je me suis endormi.

vendredi 10 avril 2009

le voyage de Doudou le caribou




Doudou le caribou, est en fait un orignal (élan d'Amérique), mais il se sent très bien dans sa peau de caribou, auprès de Margaux.


Il est arrivé en France, à Saint-Pargoire il y a deux ou trois ans, et jeudi dernier, alors qu'il accompagnait sa petite amie à Marseille pour un stage de gym, il a eu tout à coup le mal de son pays d'origine : le Canada et ses grandes forêts...


Alors, profitant du grand aéroport international de Marseille, n'y tenant plus, il a pris un taxi, est monté dans le premier avion direction Montréal.


Il avait cependant complètement oublié qu'il faisait bien moins chaud là-bas qu'à Marseille ! Il a donc eu très froid en sortant de l'avion et était complètement perdu. Heureusement, il s'est souvenu tout à coup que des tontons se trouvaient à montréal. Il a donc demandé son chemin pour se rendre dans l'arondissement d'Outremont sur l'avenue Davaar..


Pas plus tard que ce matin, il était devant notre porte, tout essouflé. Il avait un peu changé et acheté de nouveaux vêtements pour avoir moins froid : une grande écharpe aux couleurs du Canada et une belle "Tuque" bien chaude (autrement dite un bon bonnet en laine).


Baraka, le reconaissant, a d'abord voulu jouer avec lui. Mais nous lui avons dit de se calmer car ses jeux parfois peuvent être très dangereux pour un petit caribou-orignal en peluche.


Alors, rassure toi Margaux, doudou sera de retour en France lundi. Le facteur devrait mettre environ une semaine à le rapporter. Tu verras il a un peu changé à cause de la neige, mais tu lui as beaucoup manqué et il ne recommencera plus ses escapades.


mardi 7 avril 2009

Au parc à chiens


L'autre dimanche, nous sommes allés au parc à chiens avec toute la meute. Une expédition.

Les laisses des quatre monstres s'emmêlent sur le chemin, mais nous atteignons au bout d'un long moment les 200 mètres qui nous séparent de notre destination. Quatre humains, des queues qui remuent à tout va, des laisses qu'il faut détacher, dans le petit sas entouré de deux portes grillagées qui sépare la rue du nirvana canin. Déjà les truffes se dilatent pour repérer si des connaissances sont présentes ou si des femelles seraient prêtes à un petit câlin. Les narines humaines, elles, se contractent car la fonte de la neige et le retour du printemps font que l'odeur du parc s'approche de celle d'une ferme médiévale au temps de la grande peste.



Le temps que je détache et muselle Baraka le lévrier, Rico le chien saucisse, lance les hostilités : il fait un caca liquide sur sa laisse qui traîne par terre. Une fois dans le parc, Lili la Boston-terrier dite aussi "La mère supérieure", s'attaque à un Chihuahua tout tremblant. Il se réfugie sous un banc mais elle l'empêche de sortir. Tous les humains de notre petit groupe s'évertuent à l'en empêcher et lui crient dessus en même temps. Elle doit penser que nos paroles sont en fait des aboiements d'encouragement, car elle semble prendre de plus en plus de coeur à sa tâche : le chihuahua risque de finir en petit hot-dog. Heureusement, la propriétaire du petit repas sur pattes arrive à sa rescousse et le prend affolée dans ses bras. Dans les yeux de sa maîtresse on peut lire tous les reproches du monde et qu'on ferait mieux d'enfermer notre Pit-bull haut de 15 cm de haut.



Nous sommes sur le qui vive. J'ai déjà une seule envie en tête regagner au plus vite le sas et rentrer dans nos pénates. un demi tour de parc plus loin, c'est au tour de Baraka, il n'aime pas les gros chiens à poil longs et croise alors un genre de bouvier des Flandres. Malgré la muselière il lui saute dessus, incontrôlable. Nous crions tous à qui mieux mieux, maîtres indignes, incapable de maîtriser leur chien. Celui-ci est pourtant très doux à la maison, n'importe qui peut rentrer, même quand nous ne sommes pas là. Le Bouvier penaud réussit à s'enfuir, mais notre chien court vite, il le rattrape et Charles, l'autre Boston Terrier mais version miniature, 10 cm au garrot maximum, ayant jusque là été très sage veut prendre la défense de Baraka qui pourtant était l'agresseur. Le petit Charlie avec sa tête de Béluga saute à la gorge du bouvier et ne le lâche plus. La honte totale. Les gens n'osent même pas nous regarder en face, mais on sent qu'il n'en pensent pas moins et que nous ferions mieux d'ouvrir un cirque.



Nous réussissons in extremis à remettre les fauves en laisse, non sans mal car ils s'en vont chacun leur tour au quatre coins du parc. nous rentrons à la maison, et ne trouvons rien de mieux que leur distribuer à tous un petit morceau de fromage... Considèrent-ils que c'est une récompense ? Nous sommes vraiment nuls en psychologie canine ! Tant pis.

mercredi 1 avril 2009

Géographie et langue verte


Pour info géo, le Québec est 3 fois plus grand que la France en superficie mais ne compte que 9 millions d'habitants.

Le Canada est le deuxième pays le plus grand du monde après la Russie (beaucoup plus grand que les États Unis qui ont tendance a écraser les cartes.

La capitale de la province du Québec C'est la ville de Québec et la plus grande ville C'est Montréal. la Capitale du Canada c'est Ottawa (frontière Québec/Ontario) et la plus grande ville du Canada c'est Toronto (en Ontario sur les grands lacs, face à Chicago).

A Montréal il y a environ 65 % de francophone et le reste c'est anglophone ou allophone. mais la langue officielle c est le français. Dans le reste du Canada c'est anglophone.

90 % de la pop habite le long de la frontière Sud (hiver oblige).

C'est plus long de se rendre en avion de Montréal à Vancouver (Colombie britannique sur le pacifique) que de Paris à Montréal.

Le conseil ici c'est de pas trop utiliser d'anglicisme sinon c'est foutage de gueule assuré (surtout si on a un accent anglais à la française), bien que les québécois emploient beaucoup d'anglicismes (Chécker pour vérifier ou regarder ex "check le français avec son accent pointu", les breaks pour les freins, La job pour le travail...)

Les injures c'est souvent en rapport avec la religion chrétienne, genre : "crisse" pour christ, "tabarnak" pour tabernacle, "ostie", "ciboire" et une que j'adore "bout d'viarge" pour bout de vierge. Ces injures s'appellent des sacres et sont déclinables à volonté, souvent pour les adoucir : "Tabarnouche", "Tabarnoune", "Ciboulot"... On peut aussi les associer : "Crisse de calice de tabarnak", "ciboulak" (Ciboire+tabarnak).. On peut aussi les employer avec une forme pronominale : "Je suis en crisse", "ma mère était en tabarnak"... A employer avec modération, car c'est aussi vulgaire de dire "crisse" par exemple que "putain de merde".


Demain, Leçon d'Histoire....

jeudi 19 mars 2009

Au bout du jardin, l'Hérault coule vers la mer...


Des petits bouts du ciel de Montréal, entre les branches d'arbres nues, pour une grande dame allemande du sud de la France, au cheveux dorés, à la peau porcelaine et aux gros chandails de Jersey. Cette dame est partie doucement la nuit dernière, elle était aussi la maman d'un ami précieux que j'ai depuis plus de vingt ans.
Auf wiedersehen

Le Québec est bleu comme une orange : surréalisme montréalais

Ici Parfois, les monuments sont des chanteuses, et on se défoule en tapant dessus.
On peut être un québécois de Québec ou un québécois du Québec, selon le lieu où on se trouve.
Aux carrefours de circulation, le premier arrivé est toujours le premier servi.
Des oreilles de christ, ça se mange.
Des petits enfants se cognent délibérément sur des vitres.
Dans les supermarchés, les caissières sourient.
Le pâté chinois est un plat typiquement canadien.
N'apportez surtout pas votre voiture au dépanneur.
J'ai acheté un permis de circulation pour mon chien.
Dans un palais de justice il y a des mariages.
le printemps sent la merde.
Lorsqu'il fait cinq degrés il convient de se mettre en manches courtes.
Pour aller au rez-de-chaussée, je vais au premier étage mais je ne monte pas.
Les propriétaires sont toujours grecs.
Un bonjour peut être un au revoir.
Loftstory existe encore... et deux fois par an.
On me dit Allô, mais jamais au téléphone.
Souvent la pharmacie a le même nom et le même prénom.
René le mari de Céline dirige la Staracadémie.
Même pour un journaliste, le leadership est la primauté.
J'ai tutoyé une greffière au tribunal et un agent de la circulation, ils en ont fait de même.
Partout au Québec on peut tourner à droite au feu rouge, sauf sur l'île de Montréal.
L'hiver fait toujours des trous dans les routes.
Des article définis n'existent pas.

Dans une phrase interrogative on peut mettre deux fois le pronom personnel.
Nous dînons toujours à midi.
Je suis un français du Québec, peut être un jour résident du Canada.
Nicholas est un québécois francophone Il est cependant français mais surtout québécois.
Sur son passeport il est canadien.
Si il avait vécu il y a quarante ans il aurait été canadien français.
Moi je n'y comprends plus rien et je suis de nulle part.
Au bord du fleuve on est à Saint-Malo.
La moutarde est jaune et ne pique pas.
Les docteurs sont payants.
Quand il fait très froid le nez se cristallise.
Quand le sel n'est plus efficace, on met du sable.
L'état est un receleur d'alcool.

A Calais, il n'y a pas que des bourgeois, il y a aussi de l'amour.

vendredi 13 mars 2009

Amplitude thermique


Puisqu'en France, on associe la plupart du temps Montréal et le Québec à l'hiver, que même dans la chanson on nous dit que ce " pays, ce n'est pas un pays c'est l'hiver ". Puisqu'en ce moment, au bord de la méditerranée, on se baigne. Puisqu'il faut faire la guerre aux idées reçues. Puisque maintenant je comprends la frénésie qui peut accompagner l'arrivée du printemps. Puisque la petite remontée des températures dans le positif ces jours derniers a fait, a mon grand étonnement, ressortir les manches courtes. Voici la démonstration, en cartes postales des cinquante degrés Celsius qui séparent l'hiver de l'été montréalais.

jeudi 12 mars 2009

Quatre heures du matin

Heure de la nuit au jour
Heure du flanc droit au gauche
Heure pour avant la trentaine.

Heure balayée sous le chant des coqs.
Heure où la terre semble nous chasser.
Heure où nous glace le souffle des étoiles éteintes.
Heure de qu'est-ce qui restera-bien-de-nous.

Heure vide,
sourde, aride.
Fond du fond de toutes les autres heures.

Personne n'est vraiment bien à quatre heures du matin.
Si les fourmis sont bien à quatre heures du matin
Bravo les fourmis. Mais que viennent vite cinq heures
Si tant est que nous devons survivre.


Wisława Szymborska

Éloge des rêves

Dans mes rêves
Je peins comme Vermeer de Delft.

Je parle couramment le grec,
Et pas seulement aux vivants.

Je conduis une voiture
Qui va où elle veut.

Je suis douée
Et j’écris de puissantes épopées.

J’entends des voix
Comme tout vénérable saint.

Ma virtuosité au piano
Vous étourdirait.

Je vole comme nous devrions,
C'est à dire par mes propres moyens.

En tombant du toit,
Je culbute doucement dans l’herbe.

Je n’ai aucun problème
À respirer sous l’eau.

Je n’ai pas à me plaindre
Car j’ai été en mesure de localiser l’Atlantide.

C’est encourageant de savoir
Que je peux toujours me réveiller avant de mourir.

Dès que la guerre éclate,
Je me roule de l’autre côté.

Je suis un enfant de mon âge,
Mais je n’ai pas à l’être.

Il ya quelques années
J'ai vu deux soleils.

Et la nuit dernière,
Un pingouin.

Parfaitement,

Comme je vous vois

Wisława Szymborska Prix nobel de Littérature 1995

mercredi 4 mars 2009

Par ma fenêtre


Je vois les branches nues des érables de la rue. Les immeubles en briques rouges avec leurs escaliers de secours en métal noir, typiquement nord-américains. Le soleil se reflète dans la glace vive du trottoir et me fait froncer les sourcils. Il y a une crotte de chien sur le balcon. L'abat-jour de ma lampe de bureau m'empêche de voir le ciel. J'entends les voitures qui viennent de Ville Mont Royal et de l'Acadie, elles ralentissent lorsqu'elles ont passé le viaduc et arrivent dans Outremont.

la lumière est celle des Charentes, Ou celle du nord de l'Allemagne

Hier soir des gens se sont compris et surtout écoutés. Il a été question de " Dante " D'Abd al Malik, d'Hugo Chavez, de la perception de l'homosexualité dans le reggae. Hier soir, on a touché un ventre, on s'est moqué de Céline Dion et de Sophie Marceau au festival de Cannes. Hier soir on a reporté notre jeu à une autre fois, on a parlé de la politique municipale.

Demain, accompagnés de deux petits garçons et d'une petite fille, des amis d'enfance iront pécher sur la glace. Après-demain, à l'hôpital juif de Montréal, une jeune gallicienne donnera la vie.
Par ma fenêtre, en rêvant un peu... Je les verrais peut être.

Dix musiques et chansons du vingtième siècle




Gymnopédie No 1 pour piano seul / Erik Satie / Charles munch (1907)

Pavane pour une infante défunte / Maurice Ravel (1910)

Moritat von Mackie Messer / Kurt Weill / Bertolt Brecht (1928)

Carmina burana / Carl Orff (1937)

Les amants d’un jour / Edith Piaf (1956)

Eleanor Rigby / The beatles (1966)

Messe pour le temps présent / Pierre Henry (1966)

Space oddity / David Bowie (1969)

Radio-Activity / Kraftwek (1976)

Knights Of The Jaguar / DJ Rolando / The Aztec mystic (2000)

jeudi 26 février 2009

Alfa rococo

Puis sur ma lancée, Alfa rococo. Pour faire le tour de mes chansons de l'hiver...


Dumas : " J'erre "

Je fais comme dit Dumas dans sa chanson. exactement comme ça, à part que j'ai mon chien en laisse. Dumas, c'est très bon... et en plus il est beau.

Des yeux D'Aurore et de Sarah




Pendant ces deux derniers mois des yeux se sont fermés pour toujours. J'ai décidé de parler de ces yeux.

Les yeux les plus jeunes avaient 19 ans, les autres en avaient 89. 70 années d'écart. Toute une histoire, un monde, un océan aussi.

Les yeux les plus jeunes avaient l'éclat de l'été, l'arrogance qu'on sait être de la fragilité.

Les plus âgés étaient brillants d'humour. De cet éclat là, on apprend que la vie est belle, qu'il suffit seulement de se mettre bien droit, juste devant-elle.

Ces deux paires d'yeux ont toutes les couleurs, on y a vu du bleu, du gris, du marron, du noir, du vert et aussi du jaune et du violet.

Les yeux les plus jeunes étaient tellement perçants, que parfois, vous aviez l'impression d'être transparent.

Les yeux les plus âgés avaient traversé des frontières, des guerres, des langues et des lois mais ils s'émerveillaient encore que la neige soit si blanche et les sapins si verts.

Les yeux les plus jeunes voulaient croquer la vie.

Les yeux les plus âgés ne s'étaient jamais laissés croquer par elle.

Dans les yeux les plus jeunes, il y avait du feu.

Dans les yeux les plus âgés, il y avait une source.

Les yeux les plus jeunes étaient des miroirs.

Les yeux les plus âgés étaient des phares.

La dernière fois que j'ai vu les yeux les plus jeunes c'était il y a deux ans. Avec le recul, il me semble que les paupières étaient lourdes, que ces yeux devaient pleurer souvent.

La dernière fois que j'ai vu les yeux les plus âgés c'était vendredi. Les pupilles s'étaient rétrécies comme un rideau de théâtre que l'on refermerait doucement.

Hasta luego


mercredi 18 février 2009

Là où il pleut des disques de Renaud




(ÉVREUX)
Nous sommes à nouveau dans une ville, je sais que sous les immeubles il y a des caves et qu’il ne faut pas y aller, des choses interdites s’y passent, mais je ne sais pas quoi. Notre immeuble est composé d’un ensemble de bâtiments formant un quadrilatère presque fermé. Nous habitons sur le côté le plus petit, près duquel se trouve l’accès au terre-plein central. Notre appartement est au premier étage de la première entrée, notre voisine s’appelle madame Douilly et souvent elle fait des gâteaux, surtout des tartes. Mimine est perdue en ville et on la retrouve souvent sur le balcon de Madame Douilly. Derrière nous, de l’autre côté de la rue il y a une piste de skate-board en goudron rouge. Une fois je m’y suis ouvert la tête sous un petit pont qui sent l’urine. L’autre côté des bâtiments est un monde inconnu.
J’ai une meilleure amie, elle s’appelle Agnès Mallet et son surnom est Tigresse. Elle a un arbre magique. Sa mère a des cheveux courts. Sur le terre-plein il y a une « cage à écureuil » bleue, nous y jouons souvent et grimpons sur ses barres de métal. Il y a aussi un bac à sable, mais nous y jouons peu car il y a des crottes de chien. Mon grand frère a une planche à roulettes

Il me semble que ma maîtresse est blonde, qu’elle a une voiture de sport qu’on appelle une Bagherra. Au bout de la cour de L’école il y a un talus, où souvent on court et on tombe. Dans la classe il y a des cubes de couleurs différentes et des cerceaux, des mots sont découpés puis affichés aux murs. Les élèves prennent des photos, en groupe puis un par un. Ensuite ils attendent leurs parents devant une grille. Mes frères ne sont pas dans ma classe. Une fois, un samedi midi papa vient nous chercher avec une nouvelle voiture c’est une Simca 1100, puis on roule jusqu'à ses amis qui habitent dans une caravane.
Avec mon frère, un jour, nous nous engageons dans le monde inconnu, nous marchons et marchons encore à travers la ville, plus loin au-delà du centre commercial. J’ai l’impression que celle-ci ne finit jamais. Nous arrivons enfin à une aire de jeu, dont d’autres gamins de l’école nous avaient parlé. C’est fantastique, les toboggans sont énormes, les tourniquets vont à une vitesse folle, il y a mêmes des circuits de cordages où je n’ose pas aller. Il doit être presque sept heures du soir, nous voyons tout à coup arriver papa comme une furie, il nous a cherché partout.
Le mercredi nous sommes inscrits à des activités de quartier. Une fois, j’ai été maquillé en chat. Dans le quadrilatère, c’est la tradition qu’un jeune qui quitte ses parents jette tous ses jouets par la fenêtre. Je me rappelle d’une fille qui l’avait fait en face de chez nous. Mon frère avait attrapé un disque de Renaud, c’était Noël en juillet et des cadeaux tombaient du ciel.
Un jour J’ai vu Rémi Brica, l’homme orchestre, Au centre commercial. On y achetait 1 franc de bonbons qui remplissaient de gros sachets pour l’après-midi, on descendait en courant les escaliers de l’immeuble, une pièce de deux francs à la main, quand on entendait la sonnerie du marchand de glace. Parfois il y avait le bibliobus. Mon père une fois a cassé la gueule d’un voisin.

Ce qui se passe après l’enfance, après nos six ou sept ans n’a, à mon sens, aucune importance.

Mais les souvenirs sont comme des photographies, la plupart du temps, comme elles ils jaunissent et souvent on ne sait même plus quand ni où on les a pris.

Là où le le dimanche il n'y a personne et où l'été l'asphalte fond


(GAUCIEL)
Nous faisons une boule de neige un matin d’hiver, toute petite au départ devant le grillage de la maison, impossible à faire rouler jusqu’à l’école car elle devient bien trop grosse.
Une énorme sphère de métal : la base militaire 105 ou 107, je ne sais plus, qu’on ne peut pas approcher avec ses gros panneaux « Danger » et sa piste pour les avions, mais qu’on voit comme un monde inconnu, presqu’extra-terrestre.
Deux petits vélos aux pneus blancs : un noir J’en suis sûr, avec mon frère Stéphane dessus qui fait des Zigzags sur la route derrière chez nous pas loin de la base où on n’a pas le droit d’aller ; l’autre, le même exactement, un peu rouillé pareil, mais d’une couleur différente, vert peut-être. Moi dessus, pas rassuré.
La peur de tout : de la toile d’araignée, en haut à gauche de la porte des toilettes ; du vide de la maison lorsque la porte de la chambre n’est pas fermée la nuit.
L’odeur du carrelage. Mimine, la chatte « sauvage » arrivée chez nous toutes griffes dehors un matin d’automne dans les bras de papa.
Des bouteilles de gaz, le bois ciré dans la cuisine. Une terrasse derrière le garage et des fauteuils transats vert et blanc dans l’herbe haute qu'il ne faut pas abîmer. Une table de ping-pong qu’on ne peut pas utiliser car elle n’est pas à nous. Le sentiment même à cinq ans de n’être pas chez nous mais chez Tata.
Tata et tonton qui sentent la viande mais qui ont des dents tellement blanches. Une ballade avec maman un mercredi de juin, jusqu’au village d’à côté. Il fait très chaud, l’asphalte fond. On apprend des chansons. Maman est plus belle et plus grande que le soleil, c'est moi qui lui tiens la main. Du maïs cueillit dans un champ pour le faire cuire.
Les amies des cousines de mon père : Céline, Géraldine et surtout Cécile, ses belles boucles blondes très courtes et ses lunettes rondes. La cour d’école un peu floue mais les porte-manteaux très nets. La route nationale à traverser, grande comme une autoroute. Une marre sur la droite avec des têtards et des barrières blanches en bois, peut être des chevaux.
Maintenant je sais faire mes lacets, je suis fier parce que mon frère ne sait pas et qu’il est plus âgé. J’entends, depuis la table de la salle à manger, parler de l’accord du participe passé avec le verbe être, mais ça, mon grand frère le comprend et pas moi.
Une petite forêt où on a trouvé Mimine, à côté de la maison, avec une vieille épave de voiture rouillée et des ronces impossibles à traverser, nous sommes des aventuriers. Une herbe de la Pampa dans le jardin, devant les portes vitrées.
L’enterrement de pépère Bazin, où mon père se rend, accompagné de mon grand frère, dont je suis jaloux car il y a mangé de la brioche. C’est mon premier contact avec la mort et j’envie juste mon frère. Je crois même me souvenir d’avoir dit à ma mère : « ce sera moi qui irait avec papa à l’enterrement de mémère ». Une Citroën G.S. et de l’autre côté de la rue, les mêmes maisons neuves aux volets de bois bruns. Tout autour du village, du blé à perte de vue.

Là où les tours penchent et où des lapins existent peut-être


(METZ)
Lorsqu’on regarde vers le haut, par la fenêtre de l’appartement, il semble que la tour va tomber. Nous sommes au quatorzième étage et on peut presque toucher les nuages. Je n’aime pas que maman nettoie les vitres car elle pourrait tomber. Je n’aime pas non plus l’ascenseur, on a du mal à y faire rentrer la poussette de mon petit frère.
Mes grands frères sont allés à une fête d’anniversaire, je les envie. Papa travaille à Moscou. Maman m’a fait croire qu’il y avait un lapin au loin en me faisant regarder au travers de jumelles, alors je lui ai fait croire que je le voyais aussi. Souvent je me colle à elle, surtout le soir.
Parfois nous allons chez mamie et papy, c’est très loin. Un jour, nous ne pouvons pas y aller car nous avons la varicelle. Chez mamie il faut mettre des patins. Pour écouter la télévision, papy ferme une porte de plastic en forme d’accordéon. Il y a des chats vivants et un chien empaillé dont les yeux ressemblent à des billes.
Je suis resté enfermé dans la salle de bain car la porte était bloquée. La ville que nous habitons s’appelle Metz-Borny. Il y a un aquarium dans le salon. Mon petit frère a un lit en forme de baignoire et nous plaçons des autocollants dessus, je crois que ce lit est rose. Il ne reconnait pas papa quand il rentre de Russie avec une barbe.
C’est tout.
Il me semble que le voisin du dessous est souvent énervé. Il s’appelle…
Non, c’est tout.