
Elle se réveille une première fois, le gros camion des poubelles vient de passer sur la rue des érables. Le préposé, en jetant un bac de recyclage en plastique vert qu'il venait de ramasser a heurté la vitre. Le bruit est sourd, presque inaudible, il résonne davantage dans le couloir de l'immeuble qu'au dehors, mais il la tire du sommeil.
Elle enfonce son visage contre l'oreiller, presque à s'étouffer. Sa main tombe, pend jusqu'au sol et s'alourdit de sang. Il est 8h30, peut être 10h00, est-ce mardi ou vendredi ?
Quand on a trente ans, on vient seulement de réaliser ce qu'était la jeunesse et ce qu'elle avait de volage, de futile et léger mais il est trop tard. À cet âge, même le matin, le poids de illusions perdues s'immisce toujours entre les draps.
Alors, la langue, mauvaise conseillère, en premier rapporte les souvenirs de la veille, du sucre et de l'alcool. Elle tire la couverture et quelque chose tombe, C'est " Vers le phare " de Virginia Woolf. Elle ne l'a pas lu mais chez Renaud Bray, en passant comme a son habitude son doigt mouillé sur les livres des rayons et en regardant les clients affairés, elle s'est attardée sur un petit paragraphe en italique sur le quatrième de couverture qui présentait l'auteur comme une femme que personne jamais ne comprit. Dans L'instant, elle l'aima. Tous les soirs elle l'ouvrait, mais épuisée par la journée, n'arrivait jamais au bout du premier chapitre.
Yann, parti la veille pour la Colombie-Britannique, dans l’aéroport ne s’était pas retourné. Elle pensait que les rêves d’enfance étaient des prophéties, que le miel de la peau pour toujours était de l’or. Mais, la nuit semblait lui avoir confier que les garçons sur la route ne restaient jamais au creux du lit comme pouvaient le faire parfois les romans oubliés.
Elle enfonce son visage contre l'oreiller, presque à s'étouffer. Sa main tombe, pend jusqu'au sol et s'alourdit de sang. Il est 8h30, peut être 10h00, est-ce mardi ou vendredi ?
Quand on a trente ans, on vient seulement de réaliser ce qu'était la jeunesse et ce qu'elle avait de volage, de futile et léger mais il est trop tard. À cet âge, même le matin, le poids de illusions perdues s'immisce toujours entre les draps.
Alors, la langue, mauvaise conseillère, en premier rapporte les souvenirs de la veille, du sucre et de l'alcool. Elle tire la couverture et quelque chose tombe, C'est " Vers le phare " de Virginia Woolf. Elle ne l'a pas lu mais chez Renaud Bray, en passant comme a son habitude son doigt mouillé sur les livres des rayons et en regardant les clients affairés, elle s'est attardée sur un petit paragraphe en italique sur le quatrième de couverture qui présentait l'auteur comme une femme que personne jamais ne comprit. Dans L'instant, elle l'aima. Tous les soirs elle l'ouvrait, mais épuisée par la journée, n'arrivait jamais au bout du premier chapitre.
Yann, parti la veille pour la Colombie-Britannique, dans l’aéroport ne s’était pas retourné. Elle pensait que les rêves d’enfance étaient des prophéties, que le miel de la peau pour toujours était de l’or. Mais, la nuit semblait lui avoir confier que les garçons sur la route ne restaient jamais au creux du lit comme pouvaient le faire parfois les romans oubliés.

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