mercredi 10 décembre 2008

L'eau de la vie

Elle traversait une dépression majeure. Après une déception amoureuse, la fin d’une histoire.

Les circonstances matérielles s’en sont mêlées, les drogues diverses aussi : certaines prescrites, d’autres illicites.

Elle a essayé de ne pas négliger sa fille, comme toujours elle s’efforçait de fumer sur le balcon même par grand froid.

Avec le recul, elle s’est aperçue que sa petite avait été sa dernière bouée avant le naufrage.

L’aurore est venue l’été suivant, doucement, par petites touches impressionnistes, sans qu’elle s’en aperçoive.

Il y a eu cet été là, des promenades au parc à chien sur Laurier. A un moment, elle s’est sentie réconfortée par la chaleur du soleil. Elle s’est laissée envahir par sa douceur, d’abord sur le visage, en surface, puis plus profond, juste au dessus du ventre, là où tous, on pourrait localiser le point exact où se trouve notre âme.

Elle a aussi observé les chiens de toute race courir effrontément. Elle s’est émue de leur bonheur simple. Elle a même pour la première fois depuis des mois, parlé a des inconnus en dehors du travail et du Provigo du coin.

Cet été là encore, au parc Lafontaine, elle s’est assise contre un arbre, sa petite fille jouait plus loin. Elle a senti la force inerte de l’arbre, sa sagesse immobile, elle s’est imaginée enracinée.

Le bonheur n’est pas revenu, ces petits moments volés lui ont seulement donné l'envie de boire à nouveau l'eau de la vie.


mardi 9 décembre 2008

Montjoie !! (ajouté au titre du billet précédent, ça fait le cri d'assaut des chevaliers français)

Mais de la joie, il y en a un peu moins aujourd’hui. L'immeuble rue St Denis ne peut être hypothéqué par aucune banque car la fondation est fragile, elle nécessite un pieutage très profond pour gagner la roche afin de stabiliser l'édifice.

Pour l'explication technique, Montréal étant une île au milieu de deux bras du fleuve, toute la ville est bâtie sur une terre alluviale constituée essentiellement de glaise. Cette glaise a la particularité d'être une base résistante pour la construction lorsqu’elle est imbibée d'eau. Or, depuis quelques années, avec une urbanisation a outrance, un asphaltage de quasiment toutes les surfaces, ceci associé au réchauffement climatique donnant des étés de plus en plus chauds et secs, la glaise en question perd de sa teneur en eau. De ce fait beaucoup de constructions dans tous les quartiers s'enfoncent plus ou moins dans le sol, y remédier coûtant parfois très cher. J'ai trouvé un nom pour Montréal : La Nouvelle Venise.

Une autre chose qui s'enfonce ici autant qu'en France, en même temps que nos illusions, c'est la politique. Les québécois se sont peu déplacés pour le scrutin provincial d'hier. Le libéral Jean Charest a réussi sont pari : Il restera premier ministre du Québec et cette fois aura une majorité confortable à la chambre.

J'ai eu la nausée l'autre soir. Nous étions en voiture en direction de Montréal. J’entendais à la radio un reportage sur une jeune femme assumant deux emplois à temps partiel mais dont les revenus la plaçaient, odieuses statistiques, sous le seuil de pauvreté . Elle élevait seule et digne son enfant. Avec une grande douceur, elle répondait au journaliste d'une voix tremblante, avec une respiration saccadée, révélant une honte sourde mêlée au trac de passer à l'antenne. Par trois fois, au bord de l’autoroute, pendant cette entrevue, nous sommes passés devant de grandes affiches électorales en quatre par trois du parti du premier ministre reconduit, dont le slogan s'étalait en lettres capitales épaisses : « L’économie d’abord ». Triste et révoltante coïncidence.

Les centristes souverainistes du PQ (non ça n'est pas ce que vous pensez, c'est le Parti Québécois !) et leur dirigeante Pauline Marois, arrivent juste après les libéraux, constituant une opposition forte. Je me trompe peut être, mais il semblerait que l'assemblée ne comporte finalement qu'un seul député de gauche sur environ cent vingt sièges, un membre de Québec Solidaire, élu dans Le Plateau Mont-Royal, le quartier bobo de Montréal, où se trouvait notre fameux immeuble... La boucle est bouclée... Sommes-nous des bobos ??

jeudi 4 décembre 2008

St-Denis



Cette fois c'est la bonne. Notre offre d'achat est acceptée. On pouvait pas rêvé mieux du point de vue de la situation. Un travail énorme pour remettre la maison en état nous attends. Même pas peur ! (un peu quand même). J'en dirais plus demain.

mardi 2 décembre 2008

Echapper au sort


J'ai passé une nuit très courte sur le divan chez Melissah mais on a "eu du fun" et Rico m'a pas fait pipi dessus en dormant. Les chansons de Karkwa ne me quittent plus. Ils n'ont rien à envier à Coldplay. J'ai loupé les francofolies cette année où ils se produisaient mais ils passent le 11 décembre au Métropolis. Aux derniers Félix (les Victoires de la musique québécoise) ils ont eu quatre prix. J'espère que Cédric lira ce billet. Pour acheter le disque en ligne c'est là

mercredi 26 novembre 2008

Le nez dans les souvenirs

Dans les souvenirs, il y a il me semble beaucoup de lieux. Rarement des visages. C'est pour cette raison qu'on a du mal à se rappeler avec force détails, les contours du visage d'un proche depuis longtemps disparu.

On pense parfois se rappeler un moment précis, très loin dans notre enfance, puis on réalise qu'il ne s'agit pas d'un souvenir réel mais seulement d'une photographie revue souvent depuis que le fait s'est produit, donnant ainsi uniquement l'illusion de la mémorisation.


L'adage dit que les paroles s'en vont mais que les écrits restent. On oublie de dire que les écrits restent un peu plus longtemps mais guère plus. Qui lit Hésiode aujourd'hui ? Quelques agrégés d'histoire ? Une personne sur cent mille ? Pas moi.



D'après la science, dans la chimie de notre cerveau, ce sont les odeurs dont notre mémoire garde le plus longtemps le souvenir. Ça parait absurde de prime abord, mais j ai posé la question autour de moi et c'est vrai que les réactions sont rapides et toujours très précises, qu'elles entrainent foule de détails innatendus :

Une odeur de tabac froid mêlé à celle des draps propres dans la chambre d'une mère un peu bourgeoise.

Des vapeurs de graisse, de marijuana et d'encens dans une commune à Shawinigan.

Un parfum de Fabergé et l'odeur de vieux livres trop hauts sur des étagères dans un bureau sombre et interdit.

De l'herbe humide et la peau de l'autre dans une colonie de vacance.

Une cave en lorraine où on a peur d'aller qui sent le charbon et les outils rouillés.

L'odeur de sang et de vieux pavés d'une boucherie familiale en Normandie.

La glace du saint Laurent et les gifles du vent, lorsqu'on rentre chez soi de l'autre côté du pont et qu'il n'y a pas d'autobus.

mardi 25 novembre 2008

Rakatamtam... rakatamtam... rakatamtam (sur l'air de l'enfant au tambour)

Qui parlait des derniers soubresauts de l'été ? Le grand blanc est là, un mois pile avant Noël. La nuit dernière, vers trois heures, j'ai été réveillé par un vacarme de fin du monde. L'énorme "gratteuse" municipale dégageait la route et les murs de la maison vibrait.

La neige, le chien adore ça, s'enfoncer jusqu'au cou dans la poudreuse semble pour lui un plaisir immense. Pour un chien du désert, il s'est vite acclimaté, à moins qu'il pense que c'est du sable un peu froid.

Les décorations de noël fleurissent déjà. Certaines sont particulièrement laides, surtout les grosses baudruches en forme de bonhomme de neige ou de père noël. Je voudrais créer une organisation terroriste, le O.S.C.B.N. : Organisation Secrète de Crevaison des Baudruches de Noël. Je nous imagine agissant la nuit dans les jardins. Oups, pourvu que les services de l'immigration ne lisent ce blog, sinon adieu citoyenneté, "ô Canada terre de nos aïeux".

A part de d'ça, la tempête rend la plupart des gens heureux, on dirait un antidépresseur naturel.

Guillemets : surdose de ponctuation


Souvent je lis un livre uniquement pour son titre, pour sa sonorité, pour ce qu'il évoque ou parfois même pour rien. Aujourd'hui, je pense à ceux-là :

Loin de la foule déchaînée Je ne l'ai pas encore lu et l'ai découvert il y a quelques jours. je cherchais un album du groupe électro danois (ou suédois d'ailleurs) Chicane dont le titre est «far from the maddening crowds ». Je me suis aperçu que c'était aussi le nom d'un roman, qu'il avait eu pour titre : «Charlotte» pour sa première publication en français. Lors de ses publications ultérieures, le titre a été modifié, il n'a cependant pas gardé le pluriel de l'anglais et a perdu un peu le sens de «madenning». Pour les non anglophones (voire pour les anglophobes) on pourrait littéralement traduire le titre original par «Loin des foules qui rendent fous». Il m'évoque une tempête, me fait penser à Virginia Woolf et j'aime les romans oubliés. Je le lirai certainement.

Sa majesté des mouches Un roman d'enfance ou d'adolescence, dur et cruel. Je l'ai vu longtemps posé sur une étagère. Ça devait être lorsqu’on habitait Aspiran, je pensais qu'il s'agissait d'un documentaire purement animalier. Ça n’était pas le cas, ou plutôt oui c’était le cas : un documentaire sur des petits animaux humains livrés à eux mêmes et reproduisant la violence du monde des adultes. Il y a beaucoup de «sa majesté des mouches» dans la série «Lost». Oui, les québécois, vous avez raison, en France les producteurs on été incapables de trouver un dictionnaire anglais-français pour s'apercevoir, comme il a été fait ici, qu'on pouvait traduire ce titre par «Perdus». Idem pour «Beautés désespérées» que dans l'hexagone on s'évertue encore à appeler, ou plutôt à éternuer : «Déséspéouate haouzeouaïfs».

Les bienveillantes Il est beau ce titre non ? On dirait celui d'un conte pour enfants. Le sujet en revanche est moins joli joli, mais c' est effroyablement bien écrit. Qui peut me dire pourquoi ce titre ? arrivé à la dernière page je me suis aperçu que j'avais du louper quelque chose car je ne le savais pas. Et puis, pas envie de me retaper six cents pages ! Alors, qui peut m'aider ? est ce que ça a un rapport avec des fées au dessus d'un berceau ?

L'amour aux temps du choléra Le meilleur pour la fin, les titres de Garcia marquez me font tous triper (comme on dit ici) : «Cent ans de solitude», «Chronique d'une mort annoncée». C'est t'y pas beau (comme on dit là-bas) ?

Vous aussi, chez vous, quand dehors il y a une tempête de neige, amusez vous à retrouver vos titres favoris. Ça fonctionne aussi pas mal pour les films : «Gouttes d’eau sur pierre brûlantes», «ceux qui m’aiment prendront le train», «Je règle mon pas sur le pas de mon père», «les blessures assassines», «Eternal sunshine of the spotless mind»... Je compte sur toi Agnès.

lundi 24 novembre 2008

L'Été


Les jours passent vite : je me suis promis d'écrire d'avantage, mais voilà déjà une semaine que c'est le silence radio. Nous sommes toujours à Sainte Adèle, où le froid et la nuit gagnent de jour en jour sur la clarté et sur le résidu de chaleur de l'automne et de l'été indien. Celui-ci fut bref, il n'a duré que quelques jours, mais l'idée me plaît, d'un été rendant ses dernières armes, voulant signifier lorsqu‘on ne l‘attend plus, qu‘il a perdu de sa superbe mais qu‘il reviendra. Cet Été montréalais que j'ai pu apprécier plusieurs fois depuis quelques années, très chaud, humide avec ses cohortes de gros moustiques le soir, ses festivités, ses feux d'artifice, ses gens dans les rues qui semblent vouloir se prouver à eux mêmes que l'Hiver n‘existe pas, pour certains même, les plus fous, qu‘il n‘a jamais existé. Cet été donc, qui dans une dernier soupir parait se battre encore contre la venue du grand Hiver, comme un jeune enfant, poussant de toutes ses forces sur une porte que son père tiendrait du bout du pied de l'autre côté du battant. L'Été n’insiste pas, il sait que quelques semaines plus tard il ne pourra plus se mesurer à la proximité du pôle et donc à l'ordre de l'univers. Il ne pourra plus lutter. Mais à cet Été là, j'en suis sûr, on ne la fait pas. Il partira regonfler ses voiles sous les tropiques ou dans un autre hémisphère, il ne nous oubliera pas, puis reviendra nous lécher dans quelques mois. Il est comme le roseau face au chêne, il plie mais ne rompt pas.
Au printemps, on me dit que c’est l’exacte inverse. L’Hiver à bout de force veut faire croire qu’il est encore puissant, qu’il est le maître des saisons. Il tempête encore quelques fois au début du mois d’avril, envoie parfois ses derniers flocons qui s’évaporent aussitôt, il ne pourra bientôt plus lutter et devra se réfugier dans le courant du Labrador.
Comme m'avait dit mon ancien collègue de la bibliothèque : " quand on parle du temps c'est qu'on a rien a dire ".

lundi 17 novembre 2008

Dédicace spéciale à ma nièce




Inventaire


Une petite soeur surprise de Saint Félix, un Horus disparu, un bébé apparu, des fautes d’orthographe corrigées par maman, un Nicholas qui lit dans le bain, une partie de Poker gagnée, une partie de “Marchands de Venise” perdue, l’Espagne à l’Eurovision, une bonne raclette, la santé des parents de Al., les pantoufles de mémé mangées par les chiens, un Nicholas qui lit dans le bain, des nouvelles des toulousains, des épisodes de “Loftstory” Québec avec Melissah, un clavardage avec Gé, Une chanson de Carquois, des maisons dans Westmount, Le plateau, Beaconsfield et Longueuil, un coup pour rien au Consulat, un livre de Michel Tremblay, un autre de Thomas Pynchon, HGTV sur le canal 600, une campagne électorale provinciale avec une pensée inopinée pour ma nièce, quelques flocons, quelques rayons de soleil, une défaite et une victoire des canadiens de Montréal au Hockey, une maman qui allaite, un Nicholas qui lit dans le bain, une Sarah survoltée, des aboiements, une maison blanche à gauche, une offre d’achat un poil trop basse, une grosse Volvo pollueuse commandée puis annulée, du vin du Chili, les devoirs d’école d’une petite fille, une heure d’attente devant un supermarché “IGA”, quelques heures de gym, un bonjour qui veut dire au revoir, 150 dollars à Loterie Québec, des vieilles photos, Jane Birkin sur Radio Canada, une discussion avec une fan de Gainsbourg, un Nicholas qui lit dans le bain, des Legos StarWars, des érotomanes à gogo, une parisienne qui pense aux marins, trop de poutine, trop de souvlakis, trop de pâté chinois, trop de “belle gueule”, un vieux monsieur qui me montre le système de sécurité de sa maison, un GPS qui dit de tourner à gauche alors que c'est tout droit, une envie de mojito, des bûches de cheminée, un chien saucisse qui fait pipi au lit, une amende de stationnement, la cour municipale, des machines à laver en retard, le bon courriel de Josée, un disque de Damien Rice retrouvé, un Mario Dumont en Lepen allégé, une Pauline Marois en Ségolène sympa, un André Boisclair en Delanoë beau, un ordinateur réparé, les relations publiques de l’armée canadienne et des spaghettis, des photos de passeport à 45 dollars à “Uniprix”, le grand prix de Montréal qui disparaît, des bonnes résolutions, coeur de pirate encore, Un Nicholas tout propre...
Beaucoup de choses s’étaient passées. C’est promis je tiendrai à jour plus souvent.

dimanche 9 novembre 2008

Comparaisons

Au Québec dans la "salle de bain", je m'assieds sur le "bol de toilettes". En France, dans les "toilettes", je vais poser mon séant sur la "cuvette".
Il y a beaucoup plus d'eau dans le bol de toilette, que dans la cuvette à laquelle j'étais habitué. C'est un avantage. Il ne m'est plus nécessaire de viser outre mesure pour atteindre mon but et ne pas salir la porcelaine. Cet avantage n'étant bien entendu pas négligeable lorsqu'on est dans un lieu public, et qu'on ne veut pas paraître pour un malappris vis à vis de la personne qui attend patiemment derrière la porte. Fini le souci de nettoyage approximatif lorsqu'on ne dispose pas de l'outillage nécessaire... Adieu la fuite honteuse loin du lieu d'aisance, les yeux fixés au sol...
En Europe, il convient en effet d'avoir beaucoup de dextérité au moment opportun : l'eau résiduelle de la cuvette atteignant à peine une dizaine de centimètres de profondeur, soit quatre pouces environ.

Tout avantage ayant cependant un inconvénient direct ou secondaire, le niveau d'eau du bol de toilette québécois est traître. A tout moment, en effet, on peut se retrouver avec les fesses aspergées. C'est une sensation désagréable si il en est, non seulement du fait de la température de l'eau, mais aussi parce qu'on pense inconsciemment aux résidus qui peuvent s'y trouver. Ce, même si la "chasse d'eau" ou la "chaîne" a été bel bien tirée par notre prédécesseur sur le trône.

Tout ce texte hautement philosophique pour dire que, les comparaisons d'un pays à l'autre et même d'une personne à l'autre, surtout lorsqu'elles ont pour but de d'émettre un jugement de valeur, ça me fait chier, chier, chier. Rien pour moi n'est propre aux manières d'une nation ou d'une autre, tout se terminant pour tout un chacun, dans un lieu confiné où l'on se sent parfois bien seul.

dimanche 2 novembre 2008

Marcher dans une ville inconnue



Marcher dans une ville inconnue,
c'est comme si une île se formait
à chaque minute autour de soi,
puis qu'elle disparaissait l'instant d'après,
laissant une poignée de sable
ou un coquillage au creux de la main.
Ensuite, au fur et à mesure des jours,
les îles deviennent des presqu'îles,
des plaines et des continents.
Pareil pour les gens qu'on rencontre.


Je ramasse de beaux coquillages
aussi des coquillages un peu cabossés
et je garde au chaud mes plus belles îles d'Europe.

mercredi 29 octobre 2008

Urquinanoa : premières neiges


" - Entre Marianne et Rachel.
- non, plus près de Papineau.
- Brébeuf, c'est pas mal non plus.
- Trop loin de Saint-Denis.
- Et vers Chateaubriand, passé Rachel ? "



Conversation entendue l'autre soir, les noms de rues dansent, exotiques ou familiers. Il y a même une rue de Gaulle, évidemment. Pour le moment peu de repères, mais ça commence à rentrer vus les quelques hivers que j'ai déjà passés ici. Je pensais donc au film de Klapish, d'où le titre. En descendant de chez M. ensuite, on s'est aperçu que la vitre de la voiture avait été cassée. le portefeuille disparu. Je suis un "sans-papier" au Canada, c'est peut être un signe.

Premières neiges hier soir. les gens savent que ça va durer cinq ou six mois, mais curieusement, la plupart sont enjoués. Comme les enfants dans ces cas là : on penche la tête en arrière et on avale goulûment les flocons. Comme si on pouvait faire entrer un peu de pureté au dedans. Après le ballet des chasses-neige dans la nuit, ce matin tout est blanc. Il faut dégager l'entrée, racler le pare-brise de l'auto avec la main, puis mettre nos doigts, presque brûlés, dans nos bouche pour les réchauffer.

dimanche 26 octobre 2008

Coeur de pirate

toute simple et délicate, entendue en entrevue sur Radio Canada.
Mon coup de coeur musical depuis mon arrivée ici

Démémagement





Au Québec, le sport national, c’est le déménagement. Donc, dimanche matin, nous sommes allés déménager. Après un café au Starbuck, nous avons rejoins les amis de Nick. J’avais peu dormi et j’avoue que ça n’a pas été une sinécure. En descendant un meuble assez lourd qui ne passait pas dans l’escalier, j’ai même cru que j’allais faire une syncope, le coeur battant la chamade, regrettant d'avoir mélangé la veille chez S. et M. tant de vin et de bière.

C’était malgré tout assez comique de voir un monsieur, personnage très sympathique au demeurant, mesurer les meubles, puis mesurer si ils entraient dans le camion, crier ensuite par la fenêtre ces mesures en pieds et pouces, à son ami responsable du petit camion, donner ses ordres à la cantonade, ordres que d'ailleurs personne ne semblait écouter vraiment. Je me suis même retrouvé, un moment donné, coincé dans l’escalier, avec une armoire qui ne passait absolument pas. Lui, essayant par tous les moyens de forcer les lois de la physique et de la gravité, Jouant de ses couvertures pour ne pas abîmer les murs. Moi, essayant de lui expliquer Que nous ferions mieux de remonter le placard et de le dévisser pour le descendre en plusieurs morceaux, chose que nous avons finalement faite au bout de vingt minutes.
Il y avait au bas mot une dizaine de personnes avec nous, chacune de s’excuser ou de se remercier, lorsqu’elles se croisaient dans les passages étroits des couloirs ou de l’appartement. La pauvre maîtresse de maison, désemparée par tant de remue-ménage, s’est même mise a pleurer en voyant tous les cartons entassés au milieu de son nouveau salon, ne voyant pas le bout de sa peine. C’était assez surréaliste. J’étais au milieu des affaires personnelles de gens que je ne connaissais pas. Je dois dire que c’était vraiment plaisant, le tout se terminant par un petit repas improvisé. C’est le coeur et le quotidien de Montréal que je veux aussi vivre.


Il parait que chaque premier juillet, les baux se terminent. C’est la journée des déménagements, des petites équipes d’amis et de parents se forment par milliers dans la ville. Même les camionnettes sont louées cinq fois plus chères ce jour là. Il me tarde de voir ça, nous serons certainement encore réquisitionnés.

mercredi 22 octobre 2008

La vache ballon

Sur l'autoroute en direction de Montréal, avant Boisbriand, une vache venait de mourir dans une ferme. Elle était gonflée comme un ballon. Je n'avais jamais vu ça, on aurait cru du Tex Avery. Il parait que c'est le gaz qu'elles produisent dans leur panse, qui ne peut plus s'évacuer et qui les fait gonfler. Impressionnant, triste et loufoque.
Nous avons visité un premier immeuble avec S., et C. le frère de N. C'était dans le quartier Verdun, nom de sinistre mémoire pour les français, mais qui a certainement perdu son sens ici. Le quartier est en devenir, très vivant, très village québécois. Animé, même le dimanche, quand nous sommes passés la première fois.
Malheureusement, l'immeuble, représentatif du passé du quartier, était un ancien squat, jonché de débris et de seringues, un incendie l'avait partiellement détruit.
Trop de travaux pour nos petits bras. Tant pis ça n'est que le premier, jeudi nous irons sur Ville Marie (Vieux Montréal), visiter un étage de bureau à rénover, qu'a repéré S.

Air Transat - Television rules the nation



Ma journée d'adieu à Toulouse, riche.
voir le maximum d'amis en un minimum de temps.
J'ai fait un petit repas sud ouest bien lourd avec A. et S.
On ne s'est pas vu souvent les deux années passées,
mais instantanément nos relations sont les mêmes.
Idem avec T., A., H. et C.
Avec E.,aussi, au téléphone, devant l'église des jacobins.
Je me dis que c'est peut être ça l'amitié.
Que c'est sûrement une histoire de simplicité.
Bien des choses ont changé, S. termine dans la douleur
son histoire avec F., C. a quitté L.
(il faut que j'appelle L., je l'aime beaucoup),
T. et Y. vivent des hauts et des bas depuis six mois.
D'autres choses ne changent pas :
le rire muet d'A. et sa passion pour Picasso,
les blagues pourries avec les garçons, les mushrooms...
Virée à Bordeaux pour le match de football.
Toulouse a perdu 2-1. Pas grave, j'y comprends rien au foot.
Bière sans alcool au stade, Pas grave on avait bien bu avant.
Être ensemble, c'est suffisant ; débats a la con qui finissent en pugilat,
des souvenirs communs mais pas trop. Ça fait trop anciens combattants.
Ils m'ont ensuite ramené à Blagnac et ont attendu l'embarquement
Matin blafard comme nos visages. Fatigués mais heureux.

jeudi 16 octobre 2008

On disait qu'on écrivait à Michel Tournier



Cher monsieur Tournier, j'aime vos livres.
"Le Roi des aulnes" est pour moi un roman majeur, il m'a profondément transformé.
Il m'a ouvert les yeux sur la relativité de la pensée et des actes. Il m'a fait grandir et accepter mes faiblesses. Je l'ai ressenti comme un roman monde, une fable moderne où l'homme s'affranchit d'une violence organique par un mystérieux acte de bonté. "Le Roi des aulnes", C'est tout à la fois de la psychanalyse, de la philosophie, de la sociologie de la politique et de la poésie. C'est, il me semble, un livre “totalitaire” au sens strict du terme. Vendredi (où les limbes du pacifique) dernier lorsqu'à la radio, a été annoncé la remise du prix Nobel de littérature à un français, non que Le Clézio ne le méritât pas, mon coeur a bondi dans ma poitrine, persuadé que dans une juste reconnaissance le jury suédois vous avez consacré.
Outre cette histoire particulièrement belle de rédemption qu'évoque l'ouvrage. Je me souviens d'un passage qui décrit un réfectoire scolaire du pensionnat où grandit Abel Tiffauges. Cet endroit est peu a peu envahi par le vacarme. C'était la première fois, que, par le biais des mots, j’éprouvais cette intuition d'une réalité géométrique, mathématique, dans toute chose . Comme ce que peuvent faire ressentir certains psychotropes. Comme on voyait dans "Matrix" pour être plus compréhensible... Enfin, je vois que je m'égare et divague sans pouvoir m'exprimer clairement... alors monsieur Tournier, excusez-moi d'interrompre cette lettre, mais après tout c'est plutôt votre boulot l'écriture ! me dites pas qu'on vous séquestre à l'Académie à longueur d'année pour préparer un foutu dictionnaire. Mettez vous au boulot !


PS : votre livre n'est pas dans mon container, il faut que j'en trouve un là-bas. si ça ne vous ennuie pas, je l'achèterai d'occasion ("usagé" pour le Québec).

lundi 13 octobre 2008

L'eau est unique : Abdel Malik

Je partirai dimanche.


A l'aéroport à Toulouse,
le chien est devenu rapidement la mascotte.
Certainement à cause de la cage.
Je me disais que pourtant nous n'avions
finalement pas plus de place que lui dans l'avion
et que la semaine prochaine,

quand je retournerai à mon tour à Montréal,
personne ne me plaindrait autant
et ne s'inquièterait de ma peur de l'avion.
Encore une fois, c'est sûr,
je devrais me convaincre que de, toute
façon, il faut une fin à tout.
C'est drôle, je tue l'angoisse par le paroxysme,
je paroxystise.
(Et par la même occasion j'invente un verbe.)
Pour une fois donc, le chien
a été très sociable au contact des gens.
Oui, habituellement il a un tempérament de chat,
il veut la place la plus confortable,
refuse souvent de se laisser caresser,
ne daigne même pas regarder les gens qui l'appellent.
Aujourd'hui, comme pour prévenir les autres passagers
de l'acte de barbarie que nous allions
commettre contre lui,
mon chien a été le plus délicieux des chiens.
Nicholas a eu seulement un peu de mal
au moment de l'enfermer dans la cage.
N. est donc partie une semaine avant moi.
Je suis ensuite rentré à Saint-Pargoire,
un peu groggy,
nous ne nous étions jamais séparés depuis
trois ans, quatre mois et douze jours.
J'ai bu du café sur chaque aire d'autoroute.

dimanche 12 octobre 2008

Un roman , s il vous plait.

C'est Valentine qui m'en a donné l'idée.
Elle ne le sait pas.
De toute façon elle ne me connaît pas.
Valentine, C'est Jil Caplan.

Reconnecté à Internet
depuis quelques semaines,
J'ai lu les archives de son blog.
Elle m'a donné l'envie de raconter
ce qui, à Montréal, m'éloigne de la France,
ou ce qui m'y rattache.
Ou d'autres choses aussi.
Je suis chez maman aujourd'hui,
nous sommes seuls.
Elle a préparé une blanquette délicieuse,
mais ne peut s'empêcher de la trouver ratée.
J'écoute une chanson que Jil a écrite ;
Ce doit être au moins la trentième
fois que je la remet.
Comme pour la plupart des chansons
que j'aime d'elle.
L'écouter jusqu'au dégoût,
presque pour s'en rassasier.
Y revenir quand même,
lorsque le temps a passé,
lorsqu'on les a digérées.
Les deux bras arrachés
.
Tout ce que vous écrivez me plaît
même le gris du message du 4 octobre,
j'aime vos chansons,
votre voix et vos textes me parlent, profond, au dedans.
J ai lu "toute crue" et je n'ai pas su m'arrêter

Alors Valentine,
si vous lisez ce message,
Un roman s'il vous plaît.