Mais de la joie, il y en a un peu moins aujourd’hui. L'immeuble rue St Denis ne peut être hypothéqué par aucune banque car la fondation est fragile, elle nécessite un pieutage très profond pour gagner la roche afin de stabiliser l'édifice.
Pour l'explication technique, Montréal étant une île au milieu de deux bras du fleuve, toute la ville est bâtie sur une terre alluviale constituée essentiellement de glaise. Cette glaise a la particularité d'être une base résistante pour la construction lorsqu’elle est imbibée d'eau. Or, depuis quelques années, avec une urbanisation a outrance, un asphaltage de quasiment toutes les surfaces, ceci associé au réchauffement climatique donnant des étés de plus en plus chauds et secs, la glaise en question perd de sa teneur en eau. De ce fait beaucoup de constructions dans tous les quartiers s'enfoncent plus ou moins dans le sol, y remédier coûtant parfois très cher. J'ai trouvé un nom pour Montréal : La Nouvelle Venise.
Une autre chose qui s'enfonce ici autant qu'en France, en même temps que nos illusions, c'est la politique. Les québécois se sont peu déplacés pour le scrutin provincial d'hier. Le libéral Jean Charest a réussi sont pari : Il restera premier ministre du Québec et cette fois aura une majorité confortable à la chambre.
J'ai eu la nausée l'autre soir. Nous étions en voiture en direction de Montréal. J’entendais à la radio un reportage sur une jeune femme assumant deux emplois à temps partiel mais dont les revenus la plaçaient, odieuses statistiques, sous le seuil de pauvreté . Elle élevait seule et digne son enfant. Avec une grande douceur, elle répondait au journaliste d'une voix tremblante, avec une respiration saccadée, révélant une honte sourde mêlée au trac de passer à l'antenne. Par trois fois, au bord de l’autoroute, pendant cette entrevue, nous sommes passés devant de grandes affiches électorales en quatre par trois du parti du premier ministre reconduit, dont le slogan s'étalait en lettres capitales épaisses : « L’économie d’abord ». Triste et révoltante coïncidence.
Les centristes souverainistes du PQ (non ça n'est pas ce que vous pensez, c'est le Parti Québécois !) et leur dirigeante Pauline Marois, arrivent juste après les libéraux, constituant une opposition forte. Je me trompe peut être, mais il semblerait que l'assemblée ne comporte finalement qu'un seul député de gauche sur environ cent vingt sièges, un membre de Québec Solidaire, élu dans Le Plateau Mont-Royal, le quartier bobo de Montréal, où se trouvait notre fameux immeuble... La boucle est bouclée... Sommes-nous des bobos ??

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