Les jours passent vite : je me suis promis d'écrire d'avantage, mais voilà déjà une semaine que c'est le silence radio. Nous sommes toujours à Sainte Adèle, où le froid et la nuit gagnent de jour en jour sur la clarté et sur le résidu de chaleur de l'automne et de l'été indien. Celui-ci fut bref, il n'a duré que quelques jours, mais l'idée me plaît, d'un été rendant ses dernières armes, voulant signifier lorsqu‘on ne l‘attend plus, qu‘il a perdu de sa superbe mais qu‘il reviendra. Cet Été montréalais que j'ai pu apprécier plusieurs fois depuis quelques années, très chaud, humide avec ses cohortes de gros moustiques le soir, ses festivités, ses feux d'artifice, ses gens dans les rues qui semblent vouloir se prouver à eux mêmes que l'Hiver n‘existe pas, pour certains même, les plus fous, qu‘il n‘a jamais existé. Cet été donc, qui dans une dernier soupir parait se battre encore contre la venue du grand Hiver, comme un jeune enfant, poussant de toutes ses forces sur une porte que son père tiendrait du bout du pied de l'autre côté du battant. L'Été n’insiste pas, il sait que quelques semaines plus tard il ne pourra plus se mesurer à la proximité du pôle et donc à l'ordre de l'univers. Il ne pourra plus lutter. Mais à cet Été là, j'en suis sûr, on ne la fait pas. Il partira regonfler ses voiles sous les tropiques ou dans un autre hémisphère, il ne nous oubliera pas, puis reviendra nous lécher dans quelques mois. Il est comme le roseau face au chêne, il plie mais ne rompt pas.
Au printemps, on me dit que c’est l’exacte inverse. L’Hiver à bout de force veut faire croire qu’il est encore puissant, qu’il est le maître des saisons. Il tempête encore quelques fois au début du mois d’avril, envoie parfois ses derniers flocons qui s’évaporent aussitôt, il ne pourra bientôt plus lutter et devra se réfugier dans le courant du Labrador.
Comme m'avait dit mon ancien collègue de la bibliothèque : " quand on parle du temps c'est qu'on a rien a dire ".

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