mercredi 27 mai 2009

Le noir du printemps

Lorsqu’on descendait vers le village sur nos vélos, juste à côté de chez nous, il y avait souvent sur sa terrasse un grand monsieur, qui se tenait toujours très droit.
De son attitude se dégageait beaucoup de sérieux et d’autorité, il nous faisait grande impression dans nos esprits d’adolescents. Cependant, son regard exprimait toujours à notre égard beaucoup d’affection et de sympathie. Finalement ce monsieur ressemblait beaucoup à papa, il avait certainement reçu la même éducation que lui, une éducation un peu perdue aujourd’hui, et qui apprenait la rigueur entremêlée à la compassion et à l’amour.
Ce monsieur semblait avoir une expérience très riche. Lorsqu’il venait chez nous, de temps en temps pour l’apéritif où certains soirs d’été, quand à 9 heures du soir la chaleur pèse encore, il avait toujours une anecdote à raconter sur sa vie passée et des conseils à nous donner, que, tout jeunes et persuadés d’avoir toujours raison, nous n’écoutions que d’une oreille.
Aujourd’hui ce monsieur s’en va. Nous, nous avons grandi, et nous savons maintenant que cet homme aura été d’une grande importance dans la vie de notre famille et voulons lui dire tout notre amour…
Nous garderons aussi de lui, un olivier qui va grandir au fond d’un jardin, et qui pour les années à venir rafraichira de son ombre nos chaudes journées d’été.

samedi 23 mai 2009

Gouttes d'eau sur pierres brûlantes


Le samedi, en début d'après-midi. Nous sommes des cohortes. De Montréal, de Paris ou du Cap d'Agde, on attend que le photographe déclenche sa focale, on partage le même faux sourire figé.

On souffre pour des riens, puis quelques minutes plus tard, on devient euphorique pour des choses sans importance. Une fête foraine. Le samedi, en début d'après-midi, on veut seulement se faire croire qu'on est triste car on pense que c'est plus respectable.

Le samedi, en début d'après-midi, on a tous encore en tête les promesses du vendredi soir.

On espère, que pour une fois, le dimanche sera comme on l'a rêvé. Du miel.

Alors, le samedi, en début d'après-midi, lorsque la lumière du dehors est claire, presque transparente, on marche au hasard des rues.

On va un coup à droite puis à gauche, juste pour se convaincre de ne pas tourner en rond. On joue son personnage dans la ville. On prend soin de ne pas regarder la caméra, de bien respecter son contrat de figurant. Seulement de temps en temps, le plus discrètement possible, on lève les yeux vers les vitrines des magasins. Toujours, on s'aperçoit qu'on n'arrive pas à incarner ce que le metteur en scène et le scénariste voulaient.

Lentement, les projecteurs s'éteignent et nos paupières sont comme brûlées, on ne réussit jamais à savoir pourquoi.


Le lendemain dimanche, en fin de matinée, on se raconte à soi-même des samedis imaginaires en début d'après-midi. Des héros.

Le dimanche, en fin de matinée, c'est l'heure pile où le mécanisme de la semaine s'arrête pour mieux repartir. Ce moment précis où tout se fige quelques minutes. Où les lois du temps n'existent plus, n'existent pas.

Le dimanche, en fin de matinée, heure à laquelle les vieux s'asseyent sur des bancs pour se figer dans le présent, qu'ils passent lentement leur langue sur leurs lèvres usées.

Heure à laquelle les chiens sont rassasiés, se couchent dans l'herbe et n'aboient pas.

Le dimanche, en fin de matinée, quand les enfants courent plus vite, vers nulle part, comme pour faire venir leur vie et par soif du lendemain.

Quand nous, abusés, trahis, cajolés, usés, endurcis, apaisés ou rassurés par la semaine, nous sommes enfin vivants.

dimanche 10 mai 2009

Un coeur en or

Quand il était plus petit, il s’endormait souvent en écoutant « Heart of gold » de Neil Young. Quelquefois, c’était Amalia Jackson ou Harry Belafonte. Il prenait dans la chambre de son frère ce qu’à l’époque on appelait un baladeur. Les écouteurs de cet appareil étaient couverts de protections en mousse épaisse, qu’il collait à ses oreilles et grâce auxquelles il s’isolait. Si on avait ça, dans nos têtes de jeunes adolescents, on était quelqu’un. La plupart du temps, les cassettes se déroulaient. Il essayait tant bien que mal de les rembobiner patiemment en entrant un stylo dans l’un des deux trous et en faisant bien attention de ne pas laisser plier la bobine. Il ne fallait pas faire de bruit dans la chambre mais il savait que si il en faisait, sa mère serait rassurée de savoir qu'il était là et n’était pas sorti par la porte du garage. Il avait pourtant en permanence envie d’être dehors, même l’hiver. Parfois il pleurait, et il essayait de s'en empêcher. Il voulait fuir quelque chose, avait beau se creuser la tête, il ne trouvait pas quoi. Seulement cette chienne d’envie de n’être pas là.

Alors quand l’occasion se présentait, il trainait dans les grandes rues de Montréal, des rues longues et monotones telles qu'on ne les imagine pas en Europe. Il rejoignait M., G. ou S. parfois les trois. Ensemble, ils faisaient des coups comme on peut en faire à cet âge. Ils montaient sur les toits de l’Université de Montréal, ils prenaient des fleurs au cimetière pour les revendre, attendaient au pied des cours de tennis de Westmount et refourguaient les balles à ceux-là mêmes qui les avaient laissées passer de l’autre côté du grillage. Ils couraient souvent à en perdre haleine, buvaient des « Oranges Julep » qui coulaient le long de leurs joues et leur donnaient une haleine d’agrumes mêlés à du lait, ils avalaient de la Mescaline dans les ruelles du Plateau. La sécurité du Québec passait près d’eux quelquefois, émaciant encore davantage de ses gyrophares la blancheur de leur peau. Mais elle ne se souciait guère d'eux, ils étaient trop petits. On aurait dit des enfants du tiers-monde. Ils étaient seulement les enfants des années 70.

Parfois il se demandait s’il était une fille ou bien un garçon. Il se disait que lorsqu’on est un garçon, on n’a pas peur. Alors, il n’avait pas peur. En général, le vendredi, tous les trois se retrouvaient chez la mère de M., c’était dans Côte-Des-Neiges. Là, on donnait des joints à fumer aux enfants, il y avait toujours une assiette vide sur la table, tout était partagé, souvent quelqu’un arrivait à l’improviste pour prendre cette place libre. C’était un endroit où, quand on était petit, on était grand, et où il se sentait immense, prêt à affronter la nuit. Le froid donnait une profondeur à la nuit de Montréal, la neige en tombant, couvrait tout, elle lui donnait l’assurance qu’il n’avait pas, elle était comme la mousse de son baladeur. Le bruit des voitures en était étouffé, plus rien n'existait, lui, M., G. et S. étaient immortels. Les beaux jours ne reviendraient jamais. Qu’importe.

vendredi 8 mai 2009

La Reine des sauces




Ce drôle d'aliment à la couleur peu ragoûtante (vert fluo) est utilisé ici pour mettre dans les " rôteux " (les hot-dogs).

Je ne sais pas d'où il est originaire, le nom sonne vaguement ashkénaze. c'e sont en fait des petits morceaux de concombres dans leur jus, légèrement sucrés.

Moi j'en mets partout tellement j'aime ça, et on se moque de moi. Je pourrais, je crois, en mettre sur des tartines.

Hier à midi j'ai mangé des nouilles à la relish et ce midi, des steaks hachés à la relish. ce soir je mangerai bien des pommes de terre à la relish !

Agnès a acheté son billet pour venir nous voir cet été et visiter Montréal. je lui en ferai goûter.




Le billet photographié, c'est un 20 dollars. Au salaire minimum, pour une heure de travail, on gagnera au Québec ce billet déchiré en deux.

Mais, avec cette somme déchirée (et si le tabagiste est compréhensif), on peut se procurer au dépanneur du coin, deux paquets de cigarettes ou une dizaine de pots de relish.

En France pour la même durée de labeur, les poumons de l'ouvrier moyen n'auront droit qu'à un seul paquet.

Vous noterez, comme moi, que les conventions collectives et le gouvernement de mon cher pays de France est très prévenant. Au contraire du gouvernement du Québec, il se soucie de la santé des petites gens. (Vous noterez aussi au passage la finesse de mon analyse micro-économique).
Comme vous pourrez aussi le constater, c'est à une britannique bien connue et qui apparemment n'aimait pas sa belle-fille, à qui nous devons prêter allégeance. Alors je m'incline bien bas, moi qui ai toujours rêvé de monarchie, en tant que (futur) sujet de Sa Majesté la Reine Elizabeth II du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, Reine du Canada, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de la Jamaïque, de la Barbade, des Bahamas, de la Grenade, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Iles Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, Saint Vincent et des Grenadines, d'Antigua et Barbuda,de Belize et Saint-Kitts-et Nevis, Chef du Commonwealth, gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, duc de Normandie, Duc de Lancaster, Seigneur de Mann et Chef suprême de Fidji.Ah quand je pense au pauvre citoyen Capet et à son autrichienne !

jeudi 7 mai 2009

Rions un peu...


« Avec Nicolas Sarkozy… c’est l’histoire de la pensée universelle française qui redémarre. »
Luc Chatel, ministre de l'industrie (6 mai 2009)


(Et Nadine Morano c'est Raymond Aron ?)