mercredi 26 novembre 2008

Le nez dans les souvenirs

Dans les souvenirs, il y a il me semble beaucoup de lieux. Rarement des visages. C'est pour cette raison qu'on a du mal à se rappeler avec force détails, les contours du visage d'un proche depuis longtemps disparu.

On pense parfois se rappeler un moment précis, très loin dans notre enfance, puis on réalise qu'il ne s'agit pas d'un souvenir réel mais seulement d'une photographie revue souvent depuis que le fait s'est produit, donnant ainsi uniquement l'illusion de la mémorisation.


L'adage dit que les paroles s'en vont mais que les écrits restent. On oublie de dire que les écrits restent un peu plus longtemps mais guère plus. Qui lit Hésiode aujourd'hui ? Quelques agrégés d'histoire ? Une personne sur cent mille ? Pas moi.



D'après la science, dans la chimie de notre cerveau, ce sont les odeurs dont notre mémoire garde le plus longtemps le souvenir. Ça parait absurde de prime abord, mais j ai posé la question autour de moi et c'est vrai que les réactions sont rapides et toujours très précises, qu'elles entrainent foule de détails innatendus :

Une odeur de tabac froid mêlé à celle des draps propres dans la chambre d'une mère un peu bourgeoise.

Des vapeurs de graisse, de marijuana et d'encens dans une commune à Shawinigan.

Un parfum de Fabergé et l'odeur de vieux livres trop hauts sur des étagères dans un bureau sombre et interdit.

De l'herbe humide et la peau de l'autre dans une colonie de vacance.

Une cave en lorraine où on a peur d'aller qui sent le charbon et les outils rouillés.

L'odeur de sang et de vieux pavés d'une boucherie familiale en Normandie.

La glace du saint Laurent et les gifles du vent, lorsqu'on rentre chez soi de l'autre côté du pont et qu'il n'y a pas d'autobus.

mardi 25 novembre 2008

Rakatamtam... rakatamtam... rakatamtam (sur l'air de l'enfant au tambour)

Qui parlait des derniers soubresauts de l'été ? Le grand blanc est là, un mois pile avant Noël. La nuit dernière, vers trois heures, j'ai été réveillé par un vacarme de fin du monde. L'énorme "gratteuse" municipale dégageait la route et les murs de la maison vibrait.

La neige, le chien adore ça, s'enfoncer jusqu'au cou dans la poudreuse semble pour lui un plaisir immense. Pour un chien du désert, il s'est vite acclimaté, à moins qu'il pense que c'est du sable un peu froid.

Les décorations de noël fleurissent déjà. Certaines sont particulièrement laides, surtout les grosses baudruches en forme de bonhomme de neige ou de père noël. Je voudrais créer une organisation terroriste, le O.S.C.B.N. : Organisation Secrète de Crevaison des Baudruches de Noël. Je nous imagine agissant la nuit dans les jardins. Oups, pourvu que les services de l'immigration ne lisent ce blog, sinon adieu citoyenneté, "ô Canada terre de nos aïeux".

A part de d'ça, la tempête rend la plupart des gens heureux, on dirait un antidépresseur naturel.

Guillemets : surdose de ponctuation


Souvent je lis un livre uniquement pour son titre, pour sa sonorité, pour ce qu'il évoque ou parfois même pour rien. Aujourd'hui, je pense à ceux-là :

Loin de la foule déchaînée Je ne l'ai pas encore lu et l'ai découvert il y a quelques jours. je cherchais un album du groupe électro danois (ou suédois d'ailleurs) Chicane dont le titre est «far from the maddening crowds ». Je me suis aperçu que c'était aussi le nom d'un roman, qu'il avait eu pour titre : «Charlotte» pour sa première publication en français. Lors de ses publications ultérieures, le titre a été modifié, il n'a cependant pas gardé le pluriel de l'anglais et a perdu un peu le sens de «madenning». Pour les non anglophones (voire pour les anglophobes) on pourrait littéralement traduire le titre original par «Loin des foules qui rendent fous». Il m'évoque une tempête, me fait penser à Virginia Woolf et j'aime les romans oubliés. Je le lirai certainement.

Sa majesté des mouches Un roman d'enfance ou d'adolescence, dur et cruel. Je l'ai vu longtemps posé sur une étagère. Ça devait être lorsqu’on habitait Aspiran, je pensais qu'il s'agissait d'un documentaire purement animalier. Ça n’était pas le cas, ou plutôt oui c’était le cas : un documentaire sur des petits animaux humains livrés à eux mêmes et reproduisant la violence du monde des adultes. Il y a beaucoup de «sa majesté des mouches» dans la série «Lost». Oui, les québécois, vous avez raison, en France les producteurs on été incapables de trouver un dictionnaire anglais-français pour s'apercevoir, comme il a été fait ici, qu'on pouvait traduire ce titre par «Perdus». Idem pour «Beautés désespérées» que dans l'hexagone on s'évertue encore à appeler, ou plutôt à éternuer : «Déséspéouate haouzeouaïfs».

Les bienveillantes Il est beau ce titre non ? On dirait celui d'un conte pour enfants. Le sujet en revanche est moins joli joli, mais c' est effroyablement bien écrit. Qui peut me dire pourquoi ce titre ? arrivé à la dernière page je me suis aperçu que j'avais du louper quelque chose car je ne le savais pas. Et puis, pas envie de me retaper six cents pages ! Alors, qui peut m'aider ? est ce que ça a un rapport avec des fées au dessus d'un berceau ?

L'amour aux temps du choléra Le meilleur pour la fin, les titres de Garcia marquez me font tous triper (comme on dit ici) : «Cent ans de solitude», «Chronique d'une mort annoncée». C'est t'y pas beau (comme on dit là-bas) ?

Vous aussi, chez vous, quand dehors il y a une tempête de neige, amusez vous à retrouver vos titres favoris. Ça fonctionne aussi pas mal pour les films : «Gouttes d’eau sur pierre brûlantes», «ceux qui m’aiment prendront le train», «Je règle mon pas sur le pas de mon père», «les blessures assassines», «Eternal sunshine of the spotless mind»... Je compte sur toi Agnès.

lundi 24 novembre 2008

L'Été


Les jours passent vite : je me suis promis d'écrire d'avantage, mais voilà déjà une semaine que c'est le silence radio. Nous sommes toujours à Sainte Adèle, où le froid et la nuit gagnent de jour en jour sur la clarté et sur le résidu de chaleur de l'automne et de l'été indien. Celui-ci fut bref, il n'a duré que quelques jours, mais l'idée me plaît, d'un été rendant ses dernières armes, voulant signifier lorsqu‘on ne l‘attend plus, qu‘il a perdu de sa superbe mais qu‘il reviendra. Cet Été montréalais que j'ai pu apprécier plusieurs fois depuis quelques années, très chaud, humide avec ses cohortes de gros moustiques le soir, ses festivités, ses feux d'artifice, ses gens dans les rues qui semblent vouloir se prouver à eux mêmes que l'Hiver n‘existe pas, pour certains même, les plus fous, qu‘il n‘a jamais existé. Cet été donc, qui dans une dernier soupir parait se battre encore contre la venue du grand Hiver, comme un jeune enfant, poussant de toutes ses forces sur une porte que son père tiendrait du bout du pied de l'autre côté du battant. L'Été n’insiste pas, il sait que quelques semaines plus tard il ne pourra plus se mesurer à la proximité du pôle et donc à l'ordre de l'univers. Il ne pourra plus lutter. Mais à cet Été là, j'en suis sûr, on ne la fait pas. Il partira regonfler ses voiles sous les tropiques ou dans un autre hémisphère, il ne nous oubliera pas, puis reviendra nous lécher dans quelques mois. Il est comme le roseau face au chêne, il plie mais ne rompt pas.
Au printemps, on me dit que c’est l’exacte inverse. L’Hiver à bout de force veut faire croire qu’il est encore puissant, qu’il est le maître des saisons. Il tempête encore quelques fois au début du mois d’avril, envoie parfois ses derniers flocons qui s’évaporent aussitôt, il ne pourra bientôt plus lutter et devra se réfugier dans le courant du Labrador.
Comme m'avait dit mon ancien collègue de la bibliothèque : " quand on parle du temps c'est qu'on a rien a dire ".

lundi 17 novembre 2008

Dédicace spéciale à ma nièce




Inventaire


Une petite soeur surprise de Saint Félix, un Horus disparu, un bébé apparu, des fautes d’orthographe corrigées par maman, un Nicholas qui lit dans le bain, une partie de Poker gagnée, une partie de “Marchands de Venise” perdue, l’Espagne à l’Eurovision, une bonne raclette, la santé des parents de Al., les pantoufles de mémé mangées par les chiens, un Nicholas qui lit dans le bain, des nouvelles des toulousains, des épisodes de “Loftstory” Québec avec Melissah, un clavardage avec Gé, Une chanson de Carquois, des maisons dans Westmount, Le plateau, Beaconsfield et Longueuil, un coup pour rien au Consulat, un livre de Michel Tremblay, un autre de Thomas Pynchon, HGTV sur le canal 600, une campagne électorale provinciale avec une pensée inopinée pour ma nièce, quelques flocons, quelques rayons de soleil, une défaite et une victoire des canadiens de Montréal au Hockey, une maman qui allaite, un Nicholas qui lit dans le bain, une Sarah survoltée, des aboiements, une maison blanche à gauche, une offre d’achat un poil trop basse, une grosse Volvo pollueuse commandée puis annulée, du vin du Chili, les devoirs d’école d’une petite fille, une heure d’attente devant un supermarché “IGA”, quelques heures de gym, un bonjour qui veut dire au revoir, 150 dollars à Loterie Québec, des vieilles photos, Jane Birkin sur Radio Canada, une discussion avec une fan de Gainsbourg, un Nicholas qui lit dans le bain, des Legos StarWars, des érotomanes à gogo, une parisienne qui pense aux marins, trop de poutine, trop de souvlakis, trop de pâté chinois, trop de “belle gueule”, un vieux monsieur qui me montre le système de sécurité de sa maison, un GPS qui dit de tourner à gauche alors que c'est tout droit, une envie de mojito, des bûches de cheminée, un chien saucisse qui fait pipi au lit, une amende de stationnement, la cour municipale, des machines à laver en retard, le bon courriel de Josée, un disque de Damien Rice retrouvé, un Mario Dumont en Lepen allégé, une Pauline Marois en Ségolène sympa, un André Boisclair en Delanoë beau, un ordinateur réparé, les relations publiques de l’armée canadienne et des spaghettis, des photos de passeport à 45 dollars à “Uniprix”, le grand prix de Montréal qui disparaît, des bonnes résolutions, coeur de pirate encore, Un Nicholas tout propre...
Beaucoup de choses s’étaient passées. C’est promis je tiendrai à jour plus souvent.

dimanche 9 novembre 2008

Comparaisons

Au Québec dans la "salle de bain", je m'assieds sur le "bol de toilettes". En France, dans les "toilettes", je vais poser mon séant sur la "cuvette".
Il y a beaucoup plus d'eau dans le bol de toilette, que dans la cuvette à laquelle j'étais habitué. C'est un avantage. Il ne m'est plus nécessaire de viser outre mesure pour atteindre mon but et ne pas salir la porcelaine. Cet avantage n'étant bien entendu pas négligeable lorsqu'on est dans un lieu public, et qu'on ne veut pas paraître pour un malappris vis à vis de la personne qui attend patiemment derrière la porte. Fini le souci de nettoyage approximatif lorsqu'on ne dispose pas de l'outillage nécessaire... Adieu la fuite honteuse loin du lieu d'aisance, les yeux fixés au sol...
En Europe, il convient en effet d'avoir beaucoup de dextérité au moment opportun : l'eau résiduelle de la cuvette atteignant à peine une dizaine de centimètres de profondeur, soit quatre pouces environ.

Tout avantage ayant cependant un inconvénient direct ou secondaire, le niveau d'eau du bol de toilette québécois est traître. A tout moment, en effet, on peut se retrouver avec les fesses aspergées. C'est une sensation désagréable si il en est, non seulement du fait de la température de l'eau, mais aussi parce qu'on pense inconsciemment aux résidus qui peuvent s'y trouver. Ce, même si la "chasse d'eau" ou la "chaîne" a été bel bien tirée par notre prédécesseur sur le trône.

Tout ce texte hautement philosophique pour dire que, les comparaisons d'un pays à l'autre et même d'une personne à l'autre, surtout lorsqu'elles ont pour but de d'émettre un jugement de valeur, ça me fait chier, chier, chier. Rien pour moi n'est propre aux manières d'une nation ou d'une autre, tout se terminant pour tout un chacun, dans un lieu confiné où l'on se sent parfois bien seul.

dimanche 2 novembre 2008

Marcher dans une ville inconnue



Marcher dans une ville inconnue,
c'est comme si une île se formait
à chaque minute autour de soi,
puis qu'elle disparaissait l'instant d'après,
laissant une poignée de sable
ou un coquillage au creux de la main.
Ensuite, au fur et à mesure des jours,
les îles deviennent des presqu'îles,
des plaines et des continents.
Pareil pour les gens qu'on rencontre.


Je ramasse de beaux coquillages
aussi des coquillages un peu cabossés
et je garde au chaud mes plus belles îles d'Europe.