mercredi 29 octobre 2008

Urquinanoa : premières neiges


" - Entre Marianne et Rachel.
- non, plus près de Papineau.
- Brébeuf, c'est pas mal non plus.
- Trop loin de Saint-Denis.
- Et vers Chateaubriand, passé Rachel ? "



Conversation entendue l'autre soir, les noms de rues dansent, exotiques ou familiers. Il y a même une rue de Gaulle, évidemment. Pour le moment peu de repères, mais ça commence à rentrer vus les quelques hivers que j'ai déjà passés ici. Je pensais donc au film de Klapish, d'où le titre. En descendant de chez M. ensuite, on s'est aperçu que la vitre de la voiture avait été cassée. le portefeuille disparu. Je suis un "sans-papier" au Canada, c'est peut être un signe.

Premières neiges hier soir. les gens savent que ça va durer cinq ou six mois, mais curieusement, la plupart sont enjoués. Comme les enfants dans ces cas là : on penche la tête en arrière et on avale goulûment les flocons. Comme si on pouvait faire entrer un peu de pureté au dedans. Après le ballet des chasses-neige dans la nuit, ce matin tout est blanc. Il faut dégager l'entrée, racler le pare-brise de l'auto avec la main, puis mettre nos doigts, presque brûlés, dans nos bouche pour les réchauffer.

dimanche 26 octobre 2008

Coeur de pirate

toute simple et délicate, entendue en entrevue sur Radio Canada.
Mon coup de coeur musical depuis mon arrivée ici

Démémagement





Au Québec, le sport national, c’est le déménagement. Donc, dimanche matin, nous sommes allés déménager. Après un café au Starbuck, nous avons rejoins les amis de Nick. J’avais peu dormi et j’avoue que ça n’a pas été une sinécure. En descendant un meuble assez lourd qui ne passait pas dans l’escalier, j’ai même cru que j’allais faire une syncope, le coeur battant la chamade, regrettant d'avoir mélangé la veille chez S. et M. tant de vin et de bière.

C’était malgré tout assez comique de voir un monsieur, personnage très sympathique au demeurant, mesurer les meubles, puis mesurer si ils entraient dans le camion, crier ensuite par la fenêtre ces mesures en pieds et pouces, à son ami responsable du petit camion, donner ses ordres à la cantonade, ordres que d'ailleurs personne ne semblait écouter vraiment. Je me suis même retrouvé, un moment donné, coincé dans l’escalier, avec une armoire qui ne passait absolument pas. Lui, essayant par tous les moyens de forcer les lois de la physique et de la gravité, Jouant de ses couvertures pour ne pas abîmer les murs. Moi, essayant de lui expliquer Que nous ferions mieux de remonter le placard et de le dévisser pour le descendre en plusieurs morceaux, chose que nous avons finalement faite au bout de vingt minutes.
Il y avait au bas mot une dizaine de personnes avec nous, chacune de s’excuser ou de se remercier, lorsqu’elles se croisaient dans les passages étroits des couloirs ou de l’appartement. La pauvre maîtresse de maison, désemparée par tant de remue-ménage, s’est même mise a pleurer en voyant tous les cartons entassés au milieu de son nouveau salon, ne voyant pas le bout de sa peine. C’était assez surréaliste. J’étais au milieu des affaires personnelles de gens que je ne connaissais pas. Je dois dire que c’était vraiment plaisant, le tout se terminant par un petit repas improvisé. C’est le coeur et le quotidien de Montréal que je veux aussi vivre.


Il parait que chaque premier juillet, les baux se terminent. C’est la journée des déménagements, des petites équipes d’amis et de parents se forment par milliers dans la ville. Même les camionnettes sont louées cinq fois plus chères ce jour là. Il me tarde de voir ça, nous serons certainement encore réquisitionnés.

mercredi 22 octobre 2008

La vache ballon

Sur l'autoroute en direction de Montréal, avant Boisbriand, une vache venait de mourir dans une ferme. Elle était gonflée comme un ballon. Je n'avais jamais vu ça, on aurait cru du Tex Avery. Il parait que c'est le gaz qu'elles produisent dans leur panse, qui ne peut plus s'évacuer et qui les fait gonfler. Impressionnant, triste et loufoque.
Nous avons visité un premier immeuble avec S., et C. le frère de N. C'était dans le quartier Verdun, nom de sinistre mémoire pour les français, mais qui a certainement perdu son sens ici. Le quartier est en devenir, très vivant, très village québécois. Animé, même le dimanche, quand nous sommes passés la première fois.
Malheureusement, l'immeuble, représentatif du passé du quartier, était un ancien squat, jonché de débris et de seringues, un incendie l'avait partiellement détruit.
Trop de travaux pour nos petits bras. Tant pis ça n'est que le premier, jeudi nous irons sur Ville Marie (Vieux Montréal), visiter un étage de bureau à rénover, qu'a repéré S.

Air Transat - Television rules the nation



Ma journée d'adieu à Toulouse, riche.
voir le maximum d'amis en un minimum de temps.
J'ai fait un petit repas sud ouest bien lourd avec A. et S.
On ne s'est pas vu souvent les deux années passées,
mais instantanément nos relations sont les mêmes.
Idem avec T., A., H. et C.
Avec E.,aussi, au téléphone, devant l'église des jacobins.
Je me dis que c'est peut être ça l'amitié.
Que c'est sûrement une histoire de simplicité.
Bien des choses ont changé, S. termine dans la douleur
son histoire avec F., C. a quitté L.
(il faut que j'appelle L., je l'aime beaucoup),
T. et Y. vivent des hauts et des bas depuis six mois.
D'autres choses ne changent pas :
le rire muet d'A. et sa passion pour Picasso,
les blagues pourries avec les garçons, les mushrooms...
Virée à Bordeaux pour le match de football.
Toulouse a perdu 2-1. Pas grave, j'y comprends rien au foot.
Bière sans alcool au stade, Pas grave on avait bien bu avant.
Être ensemble, c'est suffisant ; débats a la con qui finissent en pugilat,
des souvenirs communs mais pas trop. Ça fait trop anciens combattants.
Ils m'ont ensuite ramené à Blagnac et ont attendu l'embarquement
Matin blafard comme nos visages. Fatigués mais heureux.

jeudi 16 octobre 2008

On disait qu'on écrivait à Michel Tournier



Cher monsieur Tournier, j'aime vos livres.
"Le Roi des aulnes" est pour moi un roman majeur, il m'a profondément transformé.
Il m'a ouvert les yeux sur la relativité de la pensée et des actes. Il m'a fait grandir et accepter mes faiblesses. Je l'ai ressenti comme un roman monde, une fable moderne où l'homme s'affranchit d'une violence organique par un mystérieux acte de bonté. "Le Roi des aulnes", C'est tout à la fois de la psychanalyse, de la philosophie, de la sociologie de la politique et de la poésie. C'est, il me semble, un livre “totalitaire” au sens strict du terme. Vendredi (où les limbes du pacifique) dernier lorsqu'à la radio, a été annoncé la remise du prix Nobel de littérature à un français, non que Le Clézio ne le méritât pas, mon coeur a bondi dans ma poitrine, persuadé que dans une juste reconnaissance le jury suédois vous avez consacré.
Outre cette histoire particulièrement belle de rédemption qu'évoque l'ouvrage. Je me souviens d'un passage qui décrit un réfectoire scolaire du pensionnat où grandit Abel Tiffauges. Cet endroit est peu a peu envahi par le vacarme. C'était la première fois, que, par le biais des mots, j’éprouvais cette intuition d'une réalité géométrique, mathématique, dans toute chose . Comme ce que peuvent faire ressentir certains psychotropes. Comme on voyait dans "Matrix" pour être plus compréhensible... Enfin, je vois que je m'égare et divague sans pouvoir m'exprimer clairement... alors monsieur Tournier, excusez-moi d'interrompre cette lettre, mais après tout c'est plutôt votre boulot l'écriture ! me dites pas qu'on vous séquestre à l'Académie à longueur d'année pour préparer un foutu dictionnaire. Mettez vous au boulot !


PS : votre livre n'est pas dans mon container, il faut que j'en trouve un là-bas. si ça ne vous ennuie pas, je l'achèterai d'occasion ("usagé" pour le Québec).

lundi 13 octobre 2008

L'eau est unique : Abdel Malik

Je partirai dimanche.


A l'aéroport à Toulouse,
le chien est devenu rapidement la mascotte.
Certainement à cause de la cage.
Je me disais que pourtant nous n'avions
finalement pas plus de place que lui dans l'avion
et que la semaine prochaine,

quand je retournerai à mon tour à Montréal,
personne ne me plaindrait autant
et ne s'inquièterait de ma peur de l'avion.
Encore une fois, c'est sûr,
je devrais me convaincre que de, toute
façon, il faut une fin à tout.
C'est drôle, je tue l'angoisse par le paroxysme,
je paroxystise.
(Et par la même occasion j'invente un verbe.)
Pour une fois donc, le chien
a été très sociable au contact des gens.
Oui, habituellement il a un tempérament de chat,
il veut la place la plus confortable,
refuse souvent de se laisser caresser,
ne daigne même pas regarder les gens qui l'appellent.
Aujourd'hui, comme pour prévenir les autres passagers
de l'acte de barbarie que nous allions
commettre contre lui,
mon chien a été le plus délicieux des chiens.
Nicholas a eu seulement un peu de mal
au moment de l'enfermer dans la cage.
N. est donc partie une semaine avant moi.
Je suis ensuite rentré à Saint-Pargoire,
un peu groggy,
nous ne nous étions jamais séparés depuis
trois ans, quatre mois et douze jours.
J'ai bu du café sur chaque aire d'autoroute.

dimanche 12 octobre 2008

Un roman , s il vous plait.

C'est Valentine qui m'en a donné l'idée.
Elle ne le sait pas.
De toute façon elle ne me connaît pas.
Valentine, C'est Jil Caplan.

Reconnecté à Internet
depuis quelques semaines,
J'ai lu les archives de son blog.
Elle m'a donné l'envie de raconter
ce qui, à Montréal, m'éloigne de la France,
ou ce qui m'y rattache.
Ou d'autres choses aussi.
Je suis chez maman aujourd'hui,
nous sommes seuls.
Elle a préparé une blanquette délicieuse,
mais ne peut s'empêcher de la trouver ratée.
J'écoute une chanson que Jil a écrite ;
Ce doit être au moins la trentième
fois que je la remet.
Comme pour la plupart des chansons
que j'aime d'elle.
L'écouter jusqu'au dégoût,
presque pour s'en rassasier.
Y revenir quand même,
lorsque le temps a passé,
lorsqu'on les a digérées.
Les deux bras arrachés
.
Tout ce que vous écrivez me plaît
même le gris du message du 4 octobre,
j'aime vos chansons,
votre voix et vos textes me parlent, profond, au dedans.
J ai lu "toute crue" et je n'ai pas su m'arrêter

Alors Valentine,
si vous lisez ce message,
Un roman s'il vous plaît.