vendredi 26 février 2010

Pour de bon


Juste à côté du bras.

Trop chaud ou trop froid, peut-être pas.

Encore un peu.

Juste un peu plus près de ce grand visage,

Ce visage qui ne me gronde jamais.

Dans ce rêve où je me trouve face à face avec quelqu'un que j'aime et à qui je reproche des choses qui n'existent pas, qui depuis bien longtemps n'existent plus.

Je suis en sueur, le drap sent mauvais et j'essaye d'attraper mon paquet de cigarettes que je n'atteins jamais.

Un peu plus tard (une heure ? Cinq minutes ?), je me réveille, et je réalise que j'ai arrêté de fumer à la mi-janvier.

J'ai l'impression d'être dans du linge humide, sale. Je dois me lever, peut-être me laver.

Doucement, j'essaye de ne pas faire de bruit. Le chien me suit et ses griffes rayent doucement le bois du parquet.

Je reviens sur mes pas sur la pointe des pieds pour ne pas éveiller Gulliver. Je prends un livre au hasard sur la table de chevet.

Querelle de Brest.

Le puits de lumière qui donne sur le toit hurle. On dirait que les montants en métal qui soutiennent les parois en verre où je vois la nuit vont se détacher.

C'est du vent de France, celui du Midi.

Du vent de Bretagne, du méchant vent d'octobre.

Querelle de Brest.

Vent d'autan qui rend fou et que jusqu'ici, à Montréal, je n'avais pas entendu.

J'ouvre la porte du balcon de devant. La porte se referme aspirée par un appel d'air plus fort que moi.

Alors, je m'assieds, j'ouvre le livre, mais mes yeux se ferment insensiblement.

Pourvu qu'il y ait la fin du monde.

Querelle de Brest.

Si les plantes meurent, c'est la faute d'un criminel.

Si je n'entend plus le prince de Haynin, ce n'est pas parce que Catherine est morte, c'est juste parce que maintenant je suis grand, juste que d'eux ça n'était pas suffisant.